dimanche 8 décembre 2024
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Benjamin Rapp et Stéphanie Kochert – ONA, Objectif porte-voix pour le Nord Alsace

Il est conseiller municipal à Hatten et conseiller à la communauté de communes de l’Outre-Forêt, c’est le président de l’association Objectifs Nord Alsace. Elle est députée de la 8e circonscription et conseillère départementale, elle est la marraine de l’association. ONA, pour eux, c’est une invitation à prendre la parole localement et la porter nationalement, et à travers leur premier événement, « L’Assemblée nationale au cœur du Nord Alsace », à changer le regard des citoyens sur les institutions et leurs élus.

L’association Objectifs Nord Alsace est née en octobre 2023, comment et pourquoi ?

Benjamin Rapp : C’est le fruit d’une rencontre avec Stéphanie Kochert lors des élections législatives de 2022. Je me suis identifié dans ses idées, d’un point de vue personnel aussi. Cela nous a donné envie de travailler ensemble et au fil des discussions, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de forces vives sur le territoire ont des idées et l’envie de les développer.

Stéphanie Kochert : Benjamin a été mon premier soutien, et à un moment ou un autre j’aurai envie de passer le flambeau, donc il faut emmener la jeunesse.

Benjamin vous êtes conseiller municipal à Hatten, et communautaire en Outre-Forêt, à 27 ans seulement. Êtes-vous un cas exceptionnel ?

BR : Je me suis engagé dans le conseil municipal à 24 ans, oui, c’est très tôt. Hatten, 2000 habitants, c’est le village où j’ai grandi. À cette échelle-là, c’est plus s’engager pour sa commune que faire de la politique. Au niveau des communes, on trouve des jeunes, même si ce n’est pas monnaie courante. Dans les mandats un peu plus importants, comme le conseil communautaire, je suis de très loin le plus jeune.

D’où vous vient cet engagement ?

BR : Je suis le premier à m’engager dans la famille, j’ai toujours aimé mon village, je dirige l’harmonie et j’ai cette envie de servir les concitoyens. Il y avait une demande avant les dernières élections, on argumentait « pour porter les idées de la jeunesse ! » Et cela me passionne vraiment.

Et vous, quelles ont été les étapes avant d’être députée ?

SK : Je travaillais dans le social, à la Maison de l’enfant (MECS) à Climbach, où je suis entrée au conseil municipal en 2008. En 2009, il y a eu une vague de démissions. J’ai été promulguée maire, j’étais très jeune… enfin moins que Benjamin ! (rires) J’avais 33 ans à l’époque. C’est un peu le fruit du hasard, mais j’avais cette volonté de servir mon village. Il faut avoir un brin d’inconscience aussi, dans les petites communes (500 habitants), on n’a pas tout un staff autour de soi. J’ai fait deux mandats de maire, et j’étais au troisième en 2022 quand j’ai été élue députée. Avec la parité, j’ai aussi pu être élue conseillère départementale en 2015, et 2021. Pareil pour députée, le parti Horizon cherchait une femme sur la 8e circonscription.

La députée de la 8e circonscription devant l’Assemblée
nationale. / ©Dr

Vous avez dû abandonner votre métier d’éducatrice en 2015. Qu’est-ce qui vous a poussée à poursuivre une carrière politique ?

SK : Quand on s’engage dans un premier mandat, c’est d’abord local, il faut aimer les gens ! C’est même la qualité première, et mon passage dans le social a aidé. Ensuite, le département a une grosse compétence dans la protection de l’enfance, il y a moyen de travailler sur ces sujets-là de l’intérieur. Et quand on a la possibilité d’être députée, on se rend compte qu’on peut décider ici certaines choses, sur le terrain, et beaucoup d’autres politiques se décident à Paris. Donc je pouvais aider mon territoire et aider aussi mon pays.

Vous êtes tous les deux des enfants du pays…

(rires) Des locaux, ça s’entend non ?

On vous dit que vous avez un accent ?

SK : Oui, mais j’en suis très fière.
BR : Moi aussi !

Le 14 juillet à Wissembourg avec la protection civile dont il sera question en conférence le 19 avril. / ©Dr

Cela nous ramène à l’objectif d’ONA qui est de faire passer les idées du local au national…

BR : Oui, il ne s’agit pas seulement de faire remonter les problématiques, mais surtout de porter à Paris des idées et les points forts du territoire. C’est une association indépendante, sans adhésion à un parti politique. Le siège est à Wissembourg, mais les réunions sont délocalisées, car la vingtaine de membres viennent des communautés de communes de l’Outre-forêt et de Wissembourg.

Vous organisez du 7 au 20 avril une exposition et des conférences intitulées « L’Assemblée nationale au cœur du Nord Alsace », à la fois pour informer et faire connaître ONA ?

SK : La journée d’inauguration rassemblera tous les élus du territoire pour nous faire connaître. L’exposition à la Grange aux dîmes à Wissembourg est le point central, car finalement peu de monde connaît les institutions et ce qu’on y fait. L’idée, c’est faire venir l’Assemblée nationale en Alsace, avec des conférences sur différentes thématiques, comme la désertification médicale (le 11 avril à 19h à Lauterbourg), la géothermie profonde (le 18 à Gunstett) et la protection civile (le 19 à Herrlisheim). Avec, à chaque fois, les parlementaires qui ont travaillé dessus.

L’Assemblée nationale s’expose à Wissembourg
jusqu’au 20 avril. / ©Dr

Vous souhaitez inviter les écoles à l’exposition, et globalement raviver l’intérêt pour les questions politiques…

SK : Il y a un manque aujourd’hui. Pour avoir été dans quelques écoles, la demande est là, des enseignants et des élèves. On va essayer de faire venir des écoliers de Wissembourg à Paris… Et donner une image de l’élu plus accessible, elle est tellement négative ! Il y a eu des dérives, je ne dis pas le contraire, mais tous ceux qui s’investissent au quotidien, c’est une passion d’abord. C’est aussi le but d’ONA : aujourd’hui je pense qu’il faut qu’on fasse de la politique différemment, redonner de l’intérêt pour les institutions, les grandes messes et les réunions publiques ne sont plus d’actualité. Si dans dix ans, on a des jeunes qui s’investissent dans leur commune, ce sera gagné.


 

Un planning de députée !

Si Stéphanie Kochert vit dans « sa petite montagne, au vert, l’air pur, les oiseaux, sans sirène », elle passe «la majeure partie» de son temps à Paris. Elle explique : « Avec une majorité relative, certains votes se jouent à une ou deux voix, on nous demande d’être très présents ». Le mardi, elle débute par une réunion du groupe politique, puis enclenche avec l’hémicycle et les questions au gouvernement, les votes des textes de loi. Le mercredi, elle siège en commission des Affaires étrangères, qu’elle a choisie. « Ma circonscription est la plus frontalière d’Alsace. La géopolitique m’intéresse, et les guerres en Ukraine ou Israël ont des conséquences ici. » Puis elle continue en hémicycle, avant une mission d’information sur les terrains, « le lithium, les métaux précieux dont on a un gros déficit en France ». Elle rencontre beaucoup de gens qui la sollicitent, et travaille aussi sur la protection de l’enfance et le médical. « Des journées bien pleines, on siège jusqu’à minuit parfois ! Les gens ne comprennent pas pourquoi l’hémicycle est souvent vide, mais il y a beaucoup d’activités à côté ». Elle revient à Climbach le jeudi ou le vendredi, sans oublier son mandat de conseillère départementale, ses permanences, et le conseil de surveillance de l’hôpital de Wissembourg. « Il y a aussi les manifestations du week-end où on ne fait pas que couper des rubans, je précise ! Cela permet de rencontrer les gens, les associations… La 8e circonscription, ce sont 120 communes et j’aimerais pouvoir en faire plus. »

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