Depuis quelques jours, vous êtes questeure de l’Assemblée nationale, un poste que vous avez voulu, pourquoi ?
Cela fait maintenant un an et demi que je siège à l’Assemblée nationale et très impliquée dans l’Europe et pour l’Alsace qui a toujours fait partie de mes combats, que ce soit lorsque j’étais conseillère départementale puis présidente du conseil départemental 68, ministre et députée. Dans tous ces mandats, mon seul objectif était et est encore d’être utile pour l’Alsace. Je reste une élue locale avant tout, c’est mon histoire, c’est ma manière de fonctionner. Je suis toujours conseillère à la CeA et je suis tous les travaux avec attention. Lorsque le poste de questeure s’est libéré, je me suis dit que ça correspondait bien à ma manière de faire de la politique, c’est-à-dire du travail, du sérieux, comme on sait l’être en Alsace, plutôt que de faire de nombreuses interviews dans les médias. À ce poste, on gère un budget d’un peu plus de 600 millions d’euros, on gère les ressources humaines et les conditions matérielles des députés. Je crois que j’ai été élue parce que mes collègues savent que je joue toujours collectif. Ce qui me rend fière c’est d’avoir construit depuis quatre ans à Paris ce que j’appellerais une influence alsacienne utile. C’est une position d’influence auprès de mes collègues à l’Assemblée nationale, et je compte bien l’utiliser pour l’Alsace.
Et notamment pour la sortie de l’Alsace du Grand Est. Vous êtes un peu la « maman » de la CeA !
Oui. Depuis que la CeA existe, je travaille avec mes collègues parlementaires et tous les parlementaires alsaciens et le président Bierry pour que demain nous ayons une Alsace qui va plus loin, une Alsace qui retrouve les compétences de la région.
On attend cette décision depuis longtempsmaintenant !
Non seulement c’est long, et même si je suis optimiste, je dirais que ce n’est pas gagné d’avance. Il y a un calendrier. Il y a un rapport qui doit être remis par mon collègue questeur et nouveau voisin de bureau Éric Woerth. Ce sera une première étape qui doit nous aider à pousser plus loin sur la voie de la différenciation et de l’expérimentation. Clairement, au plus haut sommet de l’État, la volonté est là. La deuxième étape se jouera au Parlement, au Sénat et à l’Assemblée nationale ; les parlementaires vont voter une loi pour ouvrir la voie. Il faudra que l’on trouve une majorité. Le fait que l’Alsace sorte du Grand Est ne sera qu’une conséquence logique de ce qui compte vraiment pour moi, à savoir retrouver le pouvoir d’agir à l’échelle alsacienne. Je crois que c’est dans la proximité que l’on est efficace, et dans la simplification aussi. Donc, je suis optimiste pour qu’une grande loi de décentralisation soit votée avant la fin de cette année.
J’avais envie que l’on parle de votre message, posté sur les réseaux sociaux, à propos de la mort de Navalny, le principal opposant de Poutine. Un message sans ambiguïté !
Chaque jour, je parle de l’Europe. On ne se rend pas suffisamment compte de l’importance de l’Europe pour la paix. Cette paix qui se construit tous les jours. Si j’ai fait ce post c’est pour bien dire à mes concitoyens : attention rien n’est jamais gagné.
Il y a quelque chose qui résonne entre le courage de Navalny et l’entrée au Panthéon de Manouchian la semaine dernière, vous ne trouvez pas ?
Il y a quelque chose qui résonne aussi avec l’histoire que l’on a connue en Alsace.
Vous parliez de paix, et de l’Europe. Trump peut redevenir Président, Poutine est toujours là et les électeurs français sont tentés par ceux qui sont proches de ces gens-là et de leurs idées. Ça vous inquiète ?
Bon, je suis optimiste, et réaliste. Déjà, on a besoin d’une France forte et influente dans une Europe puissante et unie, comme elle l’a été pendant le Covid. Si on s’en est sorti, c’est grâce à l’Europe et à l’amitié franco-allemande. Les frontières étaient fermées à l’époque, j’en ai pleuré. Il y a des élections le 9 juin, et cela sera un vrai choix à faire entre les amis de Poutine et ceux qui comme moi défendent cette Europe qui nous protège et au sein de laquelle la France est forte.
Qu’attendez-vous des Européennes ?
Une prise de conscience très forte de l’importance de l’Europe. Et on doit battre le RN, c’est clair !
Marine Le Pen à la présidence de la République dans trois ans, c’est mettre en danger l’Europe que vous et le Président Macron souhaitez souveraine ?
Oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis proche du Président Macron, nous avons cette conviction européenne en commun.
Comment vous sentez-vous dans la France aujourd’hui, en tant que citoyenne, pas forcément en tant que responsable politique ?
C’est difficile de dissocier les deux. Je suis résolument optimiste, contrairement à ce qu’on peut entendre, je vois beaucoup de jeunes qui ont envie de s’engager, et pas seulement en politique. Ils ont envie de faire avancer notre pays. Je tiens à le redire, depuis 2020, nous faisons face à une succession de crises, aujourd’hui, le taux de chômage est de 7,8 % avec tout ce que l’on a subi, ce n’est pas si mal. Cela ne veut pas dire que j’oublie ceux qui sont en difficulté, mais notre pays est l’un de ceux qui les prennent le plus en compte.
Avec tout ça, on n’a pas encore parlé de la petite Brigitte qui est née en Alsace il y a 67 ans. Avec un grand-père maire de Colmar et un père journaliste, quel genre d’enfant étiez-vous ?
Déjà, je ne me rendais pas compte que mon grand-père était maire de Colmar, mais je me souviens, je devais avoir 5 ou 6 ans, que les jeudis après-midi et les dimanches, il m’emmenait voir des champs où il n’y avait rien du tout. C’était ce qui est devenu la zone industrielle Nord de Colmar, à l’époque où Timken était la première entreprise à s’y installer. Mon cœur bat encore lorsque j’en parle. Je sentais que c’était très important pour lui. Je voyais qu’il travaillait pour les gens et je trouvais ça juste génial. Et puis, je me revois assise par terre, sur le lino, entourée de journaux, car mon père était journaliste et il en lisait énormément. Du coup, je voulais devenir journaliste, mais il m’a affirmé que c’était beaucoup trop dur pour une femme. Très vite, je me suis engagée dans des associations et une fois en fac de droit, je me suis rendu compte que les idées qui étaient les miennes n’étaient pas seulement les miennes, alors je me suis engagée en politique. Mon grand-père ne m’a jamais poussé à le faire, mais il le prenait d’un bon œil et il m’emmenait dans des rencontres franco-allemandes.
Pour finir, je me suis toujours demandé pourquoi vous aviez les cheveux courts, c’est une indiscrétion mal placée je vous l’accorde, mais cette année vous avez la même coupe de cheveux que Miss France !
Je vais vous dire pourquoi j’ai les cheveux courts, c’est simple : je fais encore beaucoup de sport, de la course à pied, des marathons, ça va plus vite avec les cheveux courts ! Et puis, comme vous, d’ailleurs, j’ai les cheveux qui frisent, quand ils sont un peu longs, ça part dans tous les sens.
C’est la simplification des cheveux, pas seulement de la politique alors !
Exactement (rires) !