Cyrille Schott fait dialoguer le christianisme avec deux mille ans d’histoire

Adressé aux croyants et aux autres, Le génie historique du christianisme (Éditions du Signe) relie dix phrases du Nouveau testament à la culture européenne : le préfet honoraire Cyrille Schott, originaire de Drusenheim, y établit un dialogue entre sa fille incroyante et lui-même.

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Cyrille Schott, ancien préfet et auteur. / ©Dr
Selon vous, qu’a apporté le christianisme au monde ?

Cyrille Schott : Le christianisme, c’est la religion de l’amour, mais il a eu aussi la guerre et l’inquisition, c’est la religion qui apporte la liberté à l’homme, mais les églises ont aussi corseté la société. Donc j’ai inventé le personnage de ma fille, dans un langage commun, pour exprimer tous ces reproches. Et moi-même je réponds, parce que je crois qu’en revenant aux paroles mêmes du Christ dans l’évangile, on voit comment elles ont infusé notre société dans l’Europe, puis le monde. Fondamentalement, démocratie, droits de l’Homme, capacité à se repentir, miracle de la paix qu’est l’Europe…

Citons par exemple le chapitre « A qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue »…

Cette capacité à rejeter la Loi du talion est vraie après la Seconde Guerre mondiale. On n’a pas dit on va faire payer l’Allemagne, on a dit on ne veut plus cette guerre, on a voulu l’ouverture à l’autre. Ce qui m’a frappé ces dernières années, ce sont les personnes même incroyantes, par rapport au défi posé par exemple par l’Islam intégriste, qui se rattachaient au message chrétien, certes laïcisé, mais en se rendant compte qu’il était à la source de la construction de notre société. Mais il n’est pas le seul, je parle des autres religions aussi, je les respecte et montre quelle est la différence.

Vous avez été préfet pendant 21 ans sur huit postes en France, à la retraite depuis 2016, gardez-vous un lien avec Drusenheim ?

(Il parle alsacien) Je suis né à Drusenheim, mon père a été maire, notre famille est profondément enracinée en Alsace, j’y ai des responsabilités associatives et aussi à Paris. J’y ai toujours ma maison, et j’ai écrit six livres avec des références à Drusenheim. Je suis très attaché à l’Alsace, mais je l’aime bien ouverte, pas celle repliée, identitaire. Pour moi, on peut être très enraciné et avoir une ouverture d’esprit et sur les autres, d’ailleurs je pense que c’est ce que veut le christianisme.