École à la maison : retour sur une adaptation en urgence

On se souviendra de 2020 comme d’une année à la saveur particulière. Trois semaines après avoir annoncé la fermeture des écoles, le gouvernement a confirmé, ce vendredi 3 avril, l’annulation des épreuves du brevet et du baccalauréat. Une situation exceptionnelle pour les établissements scolaires, dont le personnel a dû complètement se réadapter. Rencontre avec Olivier Wahl, principal du collège du Bois-Fleuri à Schweighouse-sur-moder.

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Trois semaines après la fermeture des établissements scolaires, l’école à la maison semble s’être installée dans le quotidien des élèves et des enseignants. Sa mise en place n’a pourtant pas été facile. « La fermeture des écoles a été assez brutale », rappelle Olivier Wahl, principal du collège du Bois Fleuri de Schweighouse. « Nous ne disposions que d’un jour avec les élèves pour préparer la continuité pédagogique. Nous voulions être sûrs de pouvoir garder un lien avec tous les élèves, et que chacun d’entre eux dispose d’une connexion et de matériel pour pouvoir accéder à l’espace numérique de travail (ENT). La première semaine a été extrêmement difficile. »

Pas tous égaux face à l’école à la maison

L’école à la maison n’est en effet pas la même pour toutes les familles. « Tous les élèves ne sont pas logés à la même enseigne. Les professeurs principaux ont donc fait un état des lieux des besoins de chaque famille. Dans certaines d’entre elles, il n’y a qu’un smartphone à partager, quand d’autres élèves ont leur propre ordinateur dans la chambre. Nous avons donc prêté quelques ordinateurs pour combler les manques et donner la possibilité à tous de se connecter au moins une fois par jour. »

Dans certaines familles, il n’y a qu’un smartphone à partager pour se connecter

Une fois cette question résolue, il a fallu définir la charge de travail demandée aux élèves. Là encore, chaque établissement fait ses propres choix. « L’idée chez nous était de mettre en place un travail raisonnable pour tous les élèves pour assurer une continuité pédagogique : entre deux et trois heures maximum par jour et par élève. Il est illusoire de penser qu’on puisse faire le même travail à l’école et à la maison. Les parents ne peuvent pas faire cours à la place des professeurs, car ils ne sont pas professeurs, et que beaucoup travaillent. »

Au Bois Fleuri, les enseignants synthétisent l’ensemble du travail demandé pour une semaine, que le professeur principal se charge d’envoyer, tous les vendredis, à chaque classe. « Cela permet de donner une vision du travail global aux parents d’élèves. » Puis les élèves répartissent le travail comme ils le souhaitent. Les professeurs restent disponible toute la semaine pour répondre à leurs questions. Ils invitent vivement les élèves à rendre leurs devoirs afin qu’ils puissent en discuter avec eux, mais rien n’est noté.

Après trois semaines, les élèves ont pris le pli et tout se déroule bien. Les problèmes liés à la plateforme de l’ENT semblent également avoir été résolus.

Un retour en classe qui inquiète

« Pour l’instant, nous n’avons aucune idée de la date de la rentrée. Plus le confinement sera long, plus le retour en classe sera difficile et plus il y aura des différences entre les élèves. Il y aura inévitablement des enfants qui auront tout fait parfaitement, et d’autres qui en auront fait très peu. Il faudra tout réharmoniser. C’est pour cette raison que les professeurs principaux contactent régulièrement les familles pour savoir si tout va bien. »

De plus, les élèves ne finiront probablement pas le programme prévu dans chaque matière. « Ce n’est pas très grave. Il faudra s’adapter », précise Olivier Wahl. « Le programme est souvent répétitif, et entre la maternelle et la terminale, on revoit certaines notions à plusieurs reprises. On pourra donc revenir dessus plus tard », rassure-t-il. « J’ai confiance en la capacité des enseignants à savoir gérer ces situations exceptionnelles et je fais également confiance aux familles qui accompagnent les élèves dans cette période ».

Pour le brevet : beaucoup de questions sans réponses

Vendredi 3 avril, Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation, a annoncé l’annulation des épreuves du bac et du brevet. Bien que ce soit un soulagement pour une grande partie des établissements scolaires, de nouvelles questions se posent. Comment vont être comptabilisés les résultats du contrôle continu ? Les options vont-elles compter dans la moyenne ?

« Pour l’instant, nous n’avons pas de réponse », dit Olivier Wahl. « Ce qui est certain dans notre cas, c’est que nous ne noterons pas les travaux des élèves pendant le confinement. Si l’école reprend en mai, il y aura peut-être de nouvelles notes. Mais si l’école ne reprend qu’en septembre, on devra faire avec les notes qui ont été données jusque-là … »

Des vacances bien méritées

En ce qui concerne le collège du Bois Fleuri, les vacances de Pâques vont être respectées. « L’adaptation a été très chronophage pour tout le monde. Les élèves, leurs familles et les professeurs ont besoin de repos ».

Le personnel éducatif espère trouver des réponses rapidement pour que le retour en classe se déroule le mieux possible.