GCO, le chantier de la polémique.

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Les travaux du GCO ont commencé dans une ambiance délétère. Dans quarante points de chantiers, les scrapers et les bulldozers sont en marche, ce qui n’a pas empêché la polémique de s’arrêter, bien au contraire.

Depuis l’annonce du gouvernement en janvier dernier, le chantier de la future A355 a été lancé, mais les passions se sont déchaînées, les opposants remontés comme des androïdes ne plient pas. Pour eux, la corruption, les lobbies de multinationales sans scrupule ont nourri les racines du projet.

Depuis 50 ans, c’est la même chanson. Il y a les partisans, il y a les opposants, et parfois certains passent d’un camp à l’autre au fil du temps. On imaginait que le GCO allait non seulement désengorger les alentours de Strasbourg, mais aussi être profitable aux automobilistes qui rejoignent la capitale européenne.

Les deux parties avancent des arguments contradictoires en n’émettant aucun doute sur leur véracité. De leur côté, les citoyens savent-ils sur quel pied danser ?

Alors, ce dossier de la semaine éclairera peut-être un peu plus, ceux qui chaque jour utilisent leur véhicule entre l’Alsace du Nord et Strasbourg.

Des études récentes parlent d’une diminution de 10% du trafic, pas plus.

Les partisans du GCO rappellent que pour éviter les bouchons aux abords de la capitale européenne, quand on a rendez-vous à Strasbourg à 10h, il faut partir de Haguenau à 7h, que dans 5 ans, sans GCO, il faudra partir à 5 heures du matin sur cet axe qui fait office d’autoroute, de nationale et de départementale en même temps, il n’y a pas d’autre choix d’accès…
À moins que d’ici là, les voitures volantes soient opérationnelles ou la circulation sur route interdite.

Les défenseurs du projet s’appuient sur les rapports qui ont prouvé qu’il était impératif de soulager l’A35, plus du tout adapté à la quantité astronomique de véhicules en circulation,
180 000 par jour. La pollution engendrée par ce nombre de véhicules et notamment les camions est devenue intolérable, sans oublier les nombreux accidents, le stress et les pertes de temps et d’argent des entreprises. Les opposants sont complètement d’accord avec cela, mais ils répondent que des études récentes parlent d’une diminution de 10% du trafic, pas plus, que ceux qui imaginaient la disparition totale des bouchons à l’entrée de Strasbourg sont maintenant un peu moins convaincus.

Pour les contres, le GCO ne changera rien aux problèmes actuels d’engorgement du trafic et de pollution, il favorisera le transit international nord-sud, il sera un appel d’air (pollué donc), un aspirateur à pots d’échappement avec 30 à 40 000 camions supplémentaires, comme l’affirmait Martine Wonner le 21 octobre sur le plateau de France 3 Alsace.

La députée, pourtant élue avec l’étiquette de la République en marche, est au premier rang des opposants, elle crie haut et fort que l’on a menti à la population en ce qui concerne le risque sanitaire, que le GCO ne réglera rien en matière de pollution.

Un déni de démocratie ?

Autre opposant farouche, Alsace Nature. L’association multiplie les communiqués et les actions pour dénoncer ce qui est devenu, d’après eux, une affaire politico-financière et un déni de démocratie.

Après les altercations de Kolsheim par exemple, Alsace Nature a publié ceci : le GCO : des bulldozers dans la forêt, des marionnettes au gouvernement. L’État français, phare mondial des droits de l’Homme et de l’écologie, montre l’exemple en agressant des militants non violents et des élus locaux, nationaux et européens, et en dévastant des forêts séculaires, au nom du développement durable ! Le massacre en cours doit permettre la réalisation d’une autoroute, dont l’effet ne sera pas de décongestionner l’A35 comme on n’arrête pas de l’affirmer, mais de favoriser le transit international nord-sud. Vive le développement durable.

Pour les adversaires du GCO, il existe des alternatives qui n’ont pas été assez étudiées, les travaux engagés ne sont pas irréversibles et ils comptent bien se battre pour stopper le chantier, pour préserver la nature et arrêter la création de dangers supplémentaires.

Sur leurs positions.

Pour Robert Herrmann, le débat est clos. Le Président de l’Eurométropole de Strasbourg assure que le bien commun et l’intérêt général sont préservés, que l’utilité publique du Contournement Ouest de Strasbourg a été reconnue à plusieurs reprises, qu’il fait la même lecture que les fervents protecteurs de la planète, que l’A35 n’est plus adapté au nombre de véhicules en circulation, que le bruit, les pollutions, les encombrements, les accidents, le stress et les pertes de temps engendrés sont dangereux pour la santé, que la construction du GCO s’accompagnera d’une interdiction du transit des poids lourds dans la traversée de Strasbourg.

Mais Alsace Nature n’en démord pas : « Il est hors de question que nous continuions à jouer à la parodie de démocratie que l’on nous propose. Nous sommes plus déterminés que jamais à défendre nos convictions, mais nos modes d’action vont évoluer et sans doute s’éloigner des salons dorés des pouvoirs publics », conclut l’association dans un communiqué.

Qu’est-ce que sera demain ?

Début ou la fin ? Le GCO est-il encore la solution miracle annoncée pour ceux qui bouchonnent matin et soir en venant ou repartant de Strasbourg ? Faut-il se diriger vers les gares ? Faire son Haguenau-Strasbourg en 20 minutes, tranquille en TER et laisser tomber sa voiture ?

Les opposants ne font que commencer le combat, ils espèrent arriver au même résultat que pour l’A45 qui devait être construit entre Lyon et Saint-Étienne depuis quelques décennies, et abandonné par l’État il y a quelques semaines à peine.

Même si la situation sur le terrain n’est pas comparable, ils y voient là un motif d’espoir, et espèrent qu’un jour ou l’autre, le GCO sera mort-né. C’est peu probable, s’il l’on en croit la déclaration du ministre François de Rugy : « Je dis non à la demande de moratoire, parce qu’avec tous les recours ce serait sans fin. L’urgence est de ne pas laisser les poids lourds entrer dans le cœur de Strasbourg avec l’A35. On ne pourra pas réaménager cette autoroute, sans faire le GCO… je regarderai les contre-propositions, mais la seule chose pouvant arrêter les travaux serait une décision de justice ».