Geneviève Grimler et le Musée des amoureux

Geneviève Grimler, collectionneuse de cartes et d’images anciennes, fait perdurer la mémoire de sa région, le Sundgau, par le Musée des amoureux et du patrimoine sundgauvien, dont elle est une des fondatrices. Ce musée possède notamment une collection de 30 000 cartes d’amoureux, de la période 1890-1960.

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Geneviève Grimler, une des fondatrices du musée. / ©Musée des amoureux

Situé à Werentzhouse, dans une ancienne laiterie, une petite maison à colombages d’une vingtaine de mètres carrés, il est l’un des plus petits musées du monde.

Parmi ces 30 000 cartes d’amoureux, 300 sont des “Valentine” d’Amérique, ces magnifiques cartes, gaufrées ou dentelées qui s’ouvrent, et qui affichent de délicieuses saynètes amoureuses.

Une belle collection de cartes à cheveux du début du 20e siècle enrichit également le musée. Elle montre des visages de femmes entourés d’une chevelure, soit de cheveux naturels ou de cheveux en mohair, « nous en avons réunies 80 pour l’instant, précise Geneviève. Ce sont des cartes rares, car ces cartes étaient souvent entreposées dans des greniers et abîmées par le grignotage des souris ». Ce musée, dont elle est la coordinatrice et la trésorière, a une autre vocation : il est aussi la mémoire du Sundgau. Il comporte une grande iconographie faite de milliers de documents photographiques sur les villages, leurs habitants et leurs coutumes, qui y sont recensés, classés et scannés. Environ 22 000 photos dont la majorité sont déchiffrées et reproduites en belles photos de format A4, comme autant de mémoire de vie, touchantes par leur justesse et leur ruralité.

Le musée des amoureux et du patrimoine sundgauvien de Werentzhouse : l’un des plus petits du monde.

Geneviève a grandi à Vieux-Ferrette dans une famille d’agriculteurs (son papa était le maire du village). Par son mariage avec André, décédé il y a une vingtaine d’années, elle rallia Hirsingue où elle vit depuis plus de cinquante ans. Elle se définit comme une romantique, elle aime ce qui est lié au 19e siècle, fond devant les cartes gaufrées, celles avec fleurs et oiseaux et devant les images victoriennes.

J’aime aussi les dentelles anciennes, je récupère le kelsch des édredons pour en faire des nappes. J’ai un devoir de mémoire à accomplir. Je sais que c’est pour moi une évidence.

Elle apprécie aussi les rencontres faites au musée, les confidences qu’elle recueille des visiteurs. « Les cartes d’amoureux déclenchent chez le visiteur des velléités de
confessions », dit-elle, le regard un peu ému. Elle organise également diverses autres manifestations, notamment l’exposition en décembre d’images anciennes de pain d’épices, pour rentrer des fonds, longtemps destinés à la restauration de l’église de Hirsingue, puis à des actions humanitaires.

Elle aime cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry, extraite du livre Le Petit Prince, qu’elle relit sans se lasser : « On est de son enfance comme on est d’un pays ». Le Petit Prince y tombe amoureux, d’une rose, une fleur qu’il n’avait jamais rencontrée par le passé, et qu’il cherchera à protéger, dans un élan similaire à tous les amoureux du monde.

Belle Saint-Valentin !

 


 

L’info en plus

Les milliers de cartes et photos du musée de Werentzhouse sont classées par thèmes dans des classeurs consultables lors des visites. Le musée est ouvert le premier dimanche du mois à partir de mai et tous les dimanches de juillet et août et lors du dimanche du patrimoine. Pour y accéder hors de ces journées, prenez rendez-vous. 2, rue de Ferrette – Werentzhouse. Tél. 03 89 40 50 47

Le dernier livre de Geneviève Grimler, qu’elle vient de rééditer, est consacré au Pferterzegla. Elle est aussi l’auteur de six autres livres, faits à base d’images et de cartes anciennes. Elle partage volontiers ses connaissances à : genevieve.grimler@orange.fr