Gries – Rejoindre l’étang en un seau de crapauds

Les panneaux routiers l’annoncent depuis février : attention à la migration des batraciens, comme à la sortie de Gries. Les bénévoles Marie-Claire et Marcel Bossenmeyer sont à l’œuvre en bordure de la forêt de Marienthal pour aider les crapauds à aller pondre en zone humide.

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Des batraciens relevés lors de précédentes campagnes au Freundeneck. / ©L. Moge

Les filets de 40 cm de haut ont été mis en place par les agents municipaux sur près de 200 m le long de la route départementale 48 entre Gries et Mariental. Reste à attendre les beaux jours, « entre 8 et 10°C sans gel la nuit, et si possible une légère pluie », pour ramasser les crapauds tombés dans les seaux enfouis derrière les grillages. Et c’est la tâche que Marcel Bossenmeyer, 75 ans, assure depuis 25 ans. Bénévolement. « On sauve ce qu’on peut, c’est notre nature, déplore-t-il, c’est pareil dans d’autres domaines
comme les oiseaux dans le jardin. »

Les bénévoles veulent sensibiliser les automobilistes. / ©SB

Crapauds communs et grenouilles agiles sortent ainsi de leur cachette hivernale dans la forêt pour rejoindre l’étang de l’autre côté de la route et y pondre. « Il n’y a plus de grenouilles vertes ou des champs, ni de tritons comme avant, continue Marcel. Mais on ne peut accuser personne, sinon la déforestation, les engins avec leurs grosses roues, les maladies des batraciens ou le bruit de la route… Peut-être que c’est trop entretenu aujourd’hui, alors que les crapauds aiment se cacher, dans les ronces par exemple. »

Respecter la limitation à 70

Chapeautée par la LPO, mais également par d’autres associations comme Protection faune et flore Haguenau pour le site de la route de Schirrhein, la campagne durera jusqu’à fin mars. À Gries, un crapauduc a aussi été creusé en 2002—d’après Marcel, « quand le premier crapaud est passé, il appelle les autres »—et un petit canal mène directement à l’étang. Le bénévole y a bricolé une passerelle, et espère que son petit-fils prendra le relais plus tard.

Les seaux sont en place pour recueillir les batraciens le long de la D48.

Marie-Claire, qui tient les comptes, sait déjà qu’il y aura plus de mâles que de femelles, et que certains seront écrasés sur la route malgré les dispositifs de protection. « La limitation à 70 n’est pas tellement respectée, note-t-elle. Pourtant il faut rappeler que les batraciens sont très utiles : ils mangent les moucherons, les larves de moustiques et les tiques. » Mais pour l’instant, Marcel ramasse surtout des déchets, bouteilles et emballages, jetés par les automobilistes…

Le crapauduc de Gries.

Le chiffre : 6

Marcel Bossenmeyer a relevé une centaine de crapauds l’année dernière, alors qu’ils étaient 1500 en 1997 : en 25 ans, il ne reste que 6% de la population.