Haguenau – Un collège qui accompagne les enfants « ni tout à fait pareils, ni différents »

Lui-même haut potentiel intellectuel (HP), hyperactif et dyspraxique, le professeur Olivier Revol a fait le déplacement du CHU de Lyon où il est neurologue et pédopsychiatre, pour former les professeurs du collège des Missions africaines de Haguenau à repérer et accompagner les enfants « ni tout-à-fait pareils, ni différents ».

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Les enseignants ont pris la place des élèves pour en apprendre plus sur les TDAHP. / ©SB

« HP, ce sont aussi les initiales de Harry Potter, mais Poudlard, ce n’est pas la vraie vie, plaisante le professeur Olivier Revol. Je ne suis pas pour des classes entièrement HP parce qu’on ne leur apprendrait pas à fonctionner. » Or, aux Missions africaines, 93 élèves HP sont intégrés aux classes et les professeurs sont sensibilisés depuis 2017, à raison de deux journées pédagogiques par an.

Parmi les HP, « deux tiers sont aussi TDA(H) (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), estime Sonia Weissenburger, la cheffe d’établissement. Les professeurs ont besoin d’être confortés dans ce qu’ils font, surtout que de nouveaux troubles émergent, comme l’anorexie. Ils ont reçu des informations brutes, et des clés ».

Alors, HP, TDA(H) ou les deux ? Si un enfant « n’aime pas la répétition, a du mal à s’ennuyer, a des problèmes de graphisme, un sentiment d’injustice… », il est peut-être TDA(H), comme 5% de la population. Et s’il vous dit « l’école, c’est trop dur et trop facile », et qu’il a un QI supérieur à 130, alors il est (aussi) HP (3%). Des tests réalisés par un professionnel le confirmeront. C’est le cas du professeur Revol, dont le parcours scolaire a été « très compliqué : dyspraxique, je ne savais pas découper, mais parallèlement je savais lire, donc je suis entré à 5 ans au CE1. Jusqu’au bac, il était question de me faire redoubler à cause de résultats très hétérogènes ». Les sauts de classe sont selon lui importants « pour développer l’estime de soi, l’attention et le goût de l’effort ».

Le professeur Revol est spécialiste des troubles neurocognitifs.

« Ils ne font pas exprès »

Plus compliquées à détecter, les filles, « parce qu’elles ne font pas de bruit contrairement à un hyperactif », prévient-il. Des difficultés voire une phobie scolaire sont parfois signes d’un trouble du neurodéveloppement. « Ces enfants sont souvent débordés au niveau émotionnel et explosent le soir ou ont des migraines. » Dans tous les cas, « ils ne font pas exprès », et au contraire, veulent rentrer dans le moule. « Les HP doivent se diriger vers un métier où leur empathie qui était un obstacle va devenir un atout, prof, psychologue, médecin, infirmière… Et les hyperactifs, un métier avec de la créativité, un cadre pas trop strict, et où ils bougent. Ils réussiront dans le domaine de leurs passions ». Comme lui-même, « c’est rassurant, ça veut dire qu’on peut s’en sortir ! »


L’info en plus

Deux méthodes peuvent aider les TDA(H) et les HP, mais elles sont bonnes pour tout le monde : les accords toltèques, « fais de ton mieux, n’en fais pas une affaire personnelle, ne fais pas de supposition » ; ou le « stop-think-go » (stoppe, réfléchis, agis) pour éviter les actes impulsifs.