Haguenau – VLS : le petit peuple de la rivière préservé

Construire une nouvelle route n’est jamais anodin pour l’environnement. Mais en suivant la démarche du code environnemental ERC « Éviter, réduire, compenser », le pont sur la Moder de la Voie de Liaison Sud (VLS) de Haguenau a réussi à préserver l’habitat de nombreuses espèces.

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Le pont sur la Moder de la VLS est particulièrement haut pour laisser passer les chauves-souris. ©TRABET-NGE-VOGELE

La faune de nos campagnes alsaciennes est souvent invisible et pourtant bien présente, encore plus aux alentours d’une réserve d’eau naturelle : la Moder. La rivière prend sa source à Zittersheim dans le Pays de Hanau, et se jette dans le Rhin à Beinheim après un parcours d’environ 80 km.

Au moment de dessiner le pont de la VLS qui allait l’enjamber près du Taubenhof, le cabinet d’architectes Strate avait « interdiction de mettre une pile intermédiaire dans le lit mineur de la Moder » selon Caroline Dollé de Ravinel, directrice des grands projets d’aménagement à la ville de Haguenau.

Dès lors, « on obtient un ouvrage d’une portée importante, long de 69 mètres, qui n’a pas besoin d’être repeint et qui s’intègre au paysage », poursuit-elle. Sa hauteur est liée à sa conception environnementale : « Il se situe dans le corridor écologique de la chauve-souris et a un impact minimum sur son territoire de chasse. Elles peuvent passer en dessous, avec un abattement progressif de la ripisylve » (arbres et arbustes autour d’un cours d’eau, ndlr). De même, les filets en mailles inox permettent d’« éviter les collisions entre les oiseaux ou chauves-souris et les voitures ».

Treize passages pour la petite faune ont été créés sous 1,5km de route. / ©Documents remis

Treize passages petite faune sous la route

Le petit peuple de l’herbe n’a pas été oublié, puisque lézards, serpents et batraciens ont eu droit à un hibernaculum (pierrier et branches pour hiberner), trois mares et «treize passages petite faune sous 1,5 km de route avec des haies qui les y conduisent». De plus, le Dornengraben a été reméandré, car « c’est un fossé favorable à la biodiversité, notamment au redéploiement d’une espèce de libellule, l’agrion de Mercure ». Quant au papillon azuré des Paluds, « considéré en danger, mais bien présent à Haguenau, 5 ha de parcelles cultivées ont été transformés en prairies, et 25 ha de forêt mis
en îlot de sénescence » (sans intervention).

Si l’on compte «la mise sous cloche de 5 ha d’habitat naturel sensible du hérisson et de l’écureuil au pied la VLS pendant 50 ans (minimum)», on obtient « 50 ha compensés par la démarche ERC pour 15 ha impactés. C’est un peu une prime à la compensation », conclut la directrice. Non sans mentionner la piste cyclable intégrée à la VLS, et dont le projet de prolongation jusqu’à Bischwiller devrait voir le jour en 2023, pour mieux observer la faune.