vendredi 4 octobre 2024

Hortensias Bàlleblüeme

Avec le début d’été pluvieux, mes hortensias ont été aussi beaux que ceux baignés par le climat océanique. Nous sommes éloignés de la Bretagne où ils créent des massifs impressionnants et en sont la fleur emblématique.

En alsacien on les appelle Balleblüeme, ce qui signifie « les fleurs en forme de balle », un nom qui leur va bien tant leurs ombelles, boules amples et généreuses, sont faites de rondeur.

J’ai toujours vu des hortensias dans le jardin de ma mère. Ils étaient en général roses. En Alsace, on avait pour coutume d’en offrir aux adolescents qui faisaient leur communion solennelle. Ils provenaient de serres et étaient donc déjà en fleurs en avril, le mois où se déroulent les communions, le dimanche après Pâques, à Quasimodo. L’hortensia dans son pot recouvert de papier crépon et généralement décoré d’un ruban ornait la table du repas de communion.

Ces hortensias de Quasimodo étaient ensuite posés par les fidèles autour de l’autel de la Vierge pendant tout le mois de mai, mois dédié à Marie dans les religions catholiques et anglicanes. Ce mois donnait lieu à des rencontres quotidiennes le soir à l’église nommées Maiàndàchte pour réciter des chapelets.

Ces hortensias étaient transplantés en juin en pleine terre où ils allaient connaître une durée de vie pouvant aller jusqu’à cinquante ans. C’est une fleur résistante dès lors qu’elle ne souffre pas de la sécheresse. Elle permet de faire de très beaux bouquets qui résistent pendant plusieurs jours. On a également la possibilité de les faire sécher. Les fleurs perdent alors leur couleur rose pour virer vers le mauve.

L’hortensia est un des arbustes les plus décoratifs de nos jardins. Sa floraison spectaculaire commence, en pleine terre, en juin et s’étale jusqu’en septembre. Ensuite ses inflorescences se dessèchent, virent à la couleur daim mais restent décoratives dans le jardin ou à l’intérieur, car on peut les conserver en bouquets séchées. Durant l’hiver, les fleurs couleur caramel offrent un beau spectacle, notamment en temps de givre. On peut, vers Noël, vaporiser d’or ou d’argent les ombelles desséchées pour créer une déco de fête à peu de frais et pourtant racée. Ce qui permet de dire que l’hortensia procure des joies toute l’année.

Le nom hortensia signifie « fleur des
jardins » (du latin hortus qui signifie « du jardin »). En France, l’hortensia est devenu l’un des symboles de la Bretagne. Nombre d’horticulteurs le cultivent dans cette région, où la plante a trouvé un climat et un sol qui lui sont favorables.
Il se plaît en massifs, parfois sous de grands arbres. Il déteste se trouver en plein soleil. Il apprécie les endroits ombragés et les illumine de ses belles couleurs. Celles-ci peuvent être dans différentes nuances de roses et de bleus. En teinte bleue, il arbore un petit air de bord de mer.

Je pense aux beaux massifs d’hortensias, bleus et roses, qui bordent l’intérieur du jardin clos de la famille Ernwein du restaurant à L’agneau à Pfaffenhoffen. On y mange, dans les soirées d’été, dans une ambiance rendue romantique par ces massifs. À ce propos, la teinte bleue est difficile à obtenir ou à conserver, car les hortensias bleus aiment les sols acides, et plantés dans un sol riche en calcaire, ils deviendront roses. Pour y remédier, on peut enrichir la terre avec de l’alun, un sel d’aluminium qui se dissout dans les sols acides et qui fait bleuir les hortensias.

En hiver, l’hortensia perd ses feuilles. Ses fleurs séchées restent en place jusqu’à ce qu’on les taille. La taille est recommandée à partir du mois de mars, pour ne pas faire souffrir l’hortensia avec les gelées printanières ou automnales. Au printemps, les branches les plus âgées pourront être coupées au ras du sol. Les autres ne devraient pas être réduites de plus de 30 cm, car des tailles trop sévères empêcheront le fleurissement. Il vous faudrait alors sauter une année avant de voir refleurir les hortensias. L’hortensia est symbole de grâce, de gratitude et de beauté. Lorsqu’il est bleu, il symbolise l’amour, l’harmonie et la paix.

Christian Bobin aimait les hortensias. Dans son livre Prisonnier au berceau (Folio), il écrit : « J’ai été seul pendant deux mille ans – le temps de l’enfance. De cette solitude, personne n’est responsable. Je buvais du silence, je mangeais du ciel bleu. J’attendais. Entre le monde et moi il y avait un rempart sur lequel un ange montait la garde, tenant dans sa main gauche une fleur d’hortensia – une sorte de boule de neige bleue. Peut-on imaginer cela ? »
Simone Morgenthaler

- Publicité -
ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -
- Publicité -

Articles populaires

- Publicité -
X