Des lapins, une chèvre nommée Léonie, des moutons tout fraîchement tondus, toutes sortes de volatiles, des portées de chatons et un poney, Gitan, que la propriétaire des lieux a « élevé comme un premier chien : il est un peu dressé, mais reste libre dans sa tête ». Ça crie, ça broute, ça court en tous sens, c’est vivant et c’est bien là l’objectif de Christine Hebting. Elle qui est maîtresse d’école à la ville et se décrit « comme les gamins avec cette envie de toucher et faire », a décidé de transformer son habitation acquise en 2011 en ferme d’antan. « Par nostalgie du passé, mais pas pour la dureté du travail, dit-elle, pour l’entraide qui manque aujourd’hui à notre monde individualiste. »
Un four et un chaudron à tout faire
Avec les outils de son grand-père, le linge de son arrière-arrière-grand-mère, le cardeur ou le banc de rabotage chinés, elle met en scène les métiers de 1900. « Il s’agit de faire un saut dans le passé, un temps sans électricité, sans voiture, sans ordinateur », annonce-t-elle en introduction dans son joli costume de fermière. Et de mettre dans les mains des visiteurs des fleurs de houblon, du foin pour les lapins ou un poussin juste sorti de
l’œuf ! Du four à pain, qui servait en toutes saisons pour les tartes flambées ou le séchage des fruits, au gros chaudron pour cuire les patates, le cochon ou laver le linge, Christine raconte des histoires. « Les gens mangeaient de la volaille ou du cochon trois fois par semaine, ils échangeaient avec les voisins pour avoir de la viande fraîche. »
Puis venaient les longues soirées sans télé, Christine installe alors les visiteurs autour d’une table : « Lors des veillées d’autrefois, à la lueur de la bougie, les savoirs se transmettaient, des jouets sculptés par les hommes, des tricots pour les femmes… » En se plongeant dans les souvenirs de ses ancêtres, elle donne de la laine à filer, fait goûter un doux sirop de myrobolan, et caresse affectueusement un linge brodé des initiales rouges B.M.
« C’est une nappe familiale de 1865. À l’époque, à 14 ans, il fallait avoir un coffre à linge rempli, car une fois la vie de famille commencée on n’avait plus le temps de tricoter des chaussettes ! » Les objets ont une âme, et Christine la transmet passionnément dans sa petite ferme d’antan.