Alors que la « frustration de la quarantaine » pointait dans une carrière de vendeuse et de maman de cinq enfants, Simone Sommer s’est lancée dans la création d’entreprise. Au grand dam de sa mère, qui finit par lui avouer que sa grand-mère avait le même projet dans cette maison familiale… Déjà revendeuse des bougies Party lite et plus récemment des parfums Alia nature, Simone, confortée par sa grand-mère, prend alors les choses en main pour faire du torchis par ci, vitrifier de la chaux par là dans l’ancienne écurie. Et mettre en vente les objets qu’elle confectionne en 2011 : tricot, couture, broderie, confitures du figuier du jardin, et même des attrape-rêves crochetés : « Les Indiens utilisaient bien ce qu’ils avaient, moi j’ai pris les vieux napperons. C’est ma grand-mère qui m’a appris à ne rien jeter ! »
Le kelsch, une richesse
Elle applique la même philosophie au kelsch, ce tissu à carreaux bleu ou rouge transmis par ses ancêtres. « Bon, le jaune et le vert, c’est parce que c’est la mode. Je le fais fabriquer par un artisan, les gens l’achètent au mètre. Moi j’ai défait mon héritage, pour faire des nappes, des coussins, puis des cœurs et finalement des bouts de chiffons ! De plus en plus petit ! » rit-elle. Les taies en kelsch figurent encore en bonne place sur le lit de son grand-père, dans le musée qu’elle façonne depuis 2015. Du tissu épais et rêche du 19e siècle qu’elle fait toucher au coton léger des années 1930, l’armoire en est remplie : « Il n’y avait pas de banque, et garder du kelsch neuf constituait une richesse ».
Des ustensiles de cuisine, de couture, les coiffes, des vidéos, et des dizaines de panneaux explicatifs complètent la visite.
« J’ai tout écrit moi-même, en français, en allemand et maintenant en anglais, s’enthousiasme-t-elle. Lorsqu’ils visitent Hunspach, les gens ont besoin de rentrer quelque part et d’entendre des histoires ». Elle vient d’aménager une veillée de Noël, un brin nostalgique : « On apprenait à coudre, à faire des corbeilles, le rouet, et on racontait sa famille dans la Kumpelstub. C’était le Facebook de l’époque ».
Les métiers de ses parents, maraîchère et menuisier, attendent encore d’être complétés, tandis qu’elle songe à « tous ces objets récupérés… Je dis à mes petites filles Louise et Emy, vous reprendrez quand mamie ne pourra plus ! » De grand-mères en petites-filles, l’héritage se perpétue.
Portes ouvertes les 1er et 2 novembre de 10h à 18h, 76 rue Principale à Hunspach. Infos : Facebook.