Jérôme Seeholz – T’Heim, l’Alsace à l’heure de la planète

Il n’est pas designer, son truc à lui c’est le marketing, la communication et la publicité, qu’il applique depuis deux ans à sa propre marque écoresponsable, T’Heim. Parti de Dahlenheim, où il a grandi, Jérôme Seeholtz vit et travaille aujourd’hui à Strasbourg. Il puise dans son Alsace natale des logos stylisés, déclinés sur des tee-shirts, chaussettes, bonnets, sweats, shorts et depuis quelques jours, des boxers. T’Heim permet désormais de s’habiller de la tête aux pieds en made in Alsace.

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Pendant vos études à Colmar et Strasbourg en DUT techniques de commercialisation puis en licence marketing et publicité, aviez-vous déjà le milieu de la mode en tête ?

Non pas vraiment, c’est un domaine pour lequel j’avais un certain attachement, mais c’est ma première expérience professionnelle qui m’a dirigé vers la mode. J’y ai travaillé pendant douze ans, en Alsace, et au bout d’un moment, le modèle ne me convenait plus, ni à mes valeurs, ni à mes envies.

C’est ainsi qu’est née la marque T’Heim ?

Le confinement m’a beaucoup aidé à réfléchir à la genèse du projet. Il faut être un peu fou pour se lancer là-dedans, ou inconscient, en pleine période de covid puis de crise en Ukraine ! Mais le confinement a aussi marqué des points au niveau de la consommation, les gens sont plus réceptifs et ouverts, il y a eu une prise de conscience. Ma volonté, c’était faire des dessins locaux très épurés et minimalistes pour que ça parle au plus grand nombre, au-delà de nos frontières régionales. Une chope de bière, ça existe partout, la saucisse elle plaît, elle est fun, le bretzel est en forme de cœur, etc.

Mais quelles sont ces valeurs dont vous parliez ?

Le schéma de faire fabriquer des vêtements dans des conditions parfois déplorables et qui font deux fois le tour de la planète avant d’arriver dans le dressing des gens ne me convenait plus. J’avais envie de créer une marque locale fabriquée localement, et d’ajouter une touche alsacienne à travers les dessins. T’Heim plaît aux locaux, mais pas seulement, j’ai des commandes de partout, en France et en Europe.

Jérôme Seeholtz dans l’atelier Au fil d’Altaïr lors de la fabrication. / ©T’Heim
Fabriquer vos articles dans une entreprise de réinsertion à Strasbourg en fait bien sûr partie…

En période de covid, tout était compliqué, les ateliers de confection étaient réquisitionnés pour fabriquer des masques et c’était difficile de trouver des fournisseurs de tissus. C’est là qu’on m’a parlé d’un atelier de confection d’insertion basé à la Meinau qui venait de se construire, Au fil d’Altaïr. Ils faisaient aussi des masques, mais je leur ai présenté mon projet, et ils m’ont suivi tout de suite, alors que j’étais prêt à fabriquer en région lyonnaise ! Cela aurait eu moins d’impact, même si c’était du made in France. Aujourd’hui, fabriquer en Alsace fait une des grandes forces et fierté de la marque. Donc j’avais mon idée de tee-shirt avec des dessins brodés, on est parti d’une feuille blanche avec les modélistes. Aujourd’hui, nous avons onze modèles différents, une coupe qui me plaît totalement et appartient à la marque, en quatre couleurs.

Et le logo de l’apostrophe ou les dessins, de qui sont-ils ?

C’est le Labo typo à Rosheim, une illustratrice qui s’appelle Laure Saigne. Elle a créé le logo et fait tous les dessins. D’ailleurs elle est en train de travailler sur une nouvelle collection, mais je ne peux pas tout divulguer…(rires)

Alors parlez-nous de ce qui existe déjà, comme les chaussettes et votre association avec Labonal ?

Je les ai rencontrés par hasard sur le marché de Noël de Munster, le chalet à côté du mien, c’était Labonal ! On a sympathisé, j’ai parlé de mon concept, en février 2022 on s’est rencontré pour choisir leurs motifs préférés à décliner en chaussettes, et en juin, quatre modèles sont sortis. C’est un vrai beau succès parce que c’est un produit facile, pour un cadeau par exemple… Le nom et la réputation de Labonal crédibilisent une jeune marque comme la mienne. Et en plus, moi qui étais 100% digital, ces articles m’ont permis d’être en vente dans les boutiques Labonal, c’est un vrai plus.

Mais vous souhaitez rester une marque digitale ou avoir des points de vente physique, comme aux Galeries Lafayette ?

Au début du projet, je voulais être seulement digital, mais je me rends compte que les gens ont besoin de cette proximité et de toucher, c’est désormais complémentaire. Aux Galeries Lafayette, j’ai un corner éphémère : un matin avant 8h je reçois un appel, seulement trois mois après le lancement de ma marque, je me demande si c’est une blague ! Et en fait, ils m’ont proposé un premier corner en mars 2022, un à Noël et celui de juin vient de s’achever.

Et vous élargissez la gamme avec un boxer qui vient de sortir, qu’a-t-il de particulier ?

C’est le premier boxer d’Alsace, ça n’avait jamais été fait, c’est une fierté et un challenge d’être les premiers à fabriquer des boxers en Alsace ! C’est très technique, il y a beaucoup de travail, on ne dirait pas comme ça. Il a fallu un an pour trouver le bon tissu (développé par Mitwill à Sausheim), le bon élastique, et obtenir le produit le plus universel possible. Il est optimal au niveau du confort. Les boxers sont à assortir avec les chaussettes, car c’est ma volonté d’associer la marque à quelque chose de très home wear ou lounge wear. Comme T’Heim signifie à la maison, il faut boucler la boucle, rester simple et décontracté sur son canapé comme à l’extérieur.

Comment les gens prononcent-ils T’Heim ?

Certains disent tee-heim, ou tème, ce n’est jamais faux, vu que c’est de l’alsacien ! (rires)


Bon à savoir

Qu’est-ce que la “slow fashion” que Jérôme promeut ? « C’est une mode qui ne suit pas les saisons ni les tendances, ce sont des basiques intemporels, avec des matières éco-responsables, moins énergivores, pour respecter la planète ». À retrouver sur www.theim.fr