La folie des grandeurs

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L’histoire des Hommes qui se dépassent est toujours en marche, m’a dit ma voisine l’autre jour en déneigeant sa trottinette, une vie de travail et d’efforts fait de nous des héros. J’en ai marre de ce gouvernement qui ne comprend pas que repousser l’âge du départ à la retraite est une hérésie et une humiliation. Moi j’ai envie d’arriver à 64 ans avec de l’essence dans le moteur et l’envie d’aventure chevillée au corps, elle a ajouté.

J’ai répliqué que bon, j’étais d’accord, mais comme l’espérance de vie a augmenté… etc. Elle m’a coupé la parole.

– Fini le temps du travailler plus pour gagner plus, fini l’essorage en machine (là je n’ai pas compris tout de suite), aujourd’hui on veut privilégier la qualité de vie, un idéal, même si on ne roule pas sur l’or.
Vous êtes sor, j’ai dit ?
– Tout à fait sor, elle a répondu.

Ma voisine m’a regardé droit, comme si à ses yeux, j’étais Macron en personne : votre gouvernement fait les fonds de tiroirs pour financer une mesure pas si urgente alors que dans le même temps, les très riches sont de plus en plus riches et que des milliards sont versés aux entreprises, certaines faisant des bénéfices redistribués tranquillou sous forme de dividendes à leurs actionnaires. Les aides aux entreprises sont huit fois supérieures à ce que va rapporter la réforme des retraites. On va me dire que ce n’est pas le même budget et tralala, mais enfin, l’ambition d’un pays ne serait-elle pas de rendre la vie de ses concitoyens plus belle, plus douce ? Non ? Les Français n’ont pas la folie des grandeurs, ils veulent juste vivre dignement le plus longtemps possible dans un pays où oui beaucoup de choses existent déjà, mais pourquoi se comparer aux plus cruels ? Aux politiques de trouver les solutions pour que ceux qui veulent s’arrêter vers 60 ans puissent le faire, qu’ils aient ce choix. On se souviendra alors qu’à un moment de l’histoire de France, un président a fait quelque chose de grand pour améliorer la vie. C’est maintenant, il est l’or monseignor Macron, a conclu ma voisine en montant sur sa trottinette, et moi, je suis allé bosser.