L’alphabétisation, pour un monde meilleur

L’alphabétisation, c’est apprendre à lire, écrire et calculer et ainsi acquérir des outils pour comprendre le monde, pouvoir y agir, exercer ses droits sociaux et politiques, accéder à la connaissance et à l’information. Le 8 septembre, quelques jours après la rentrée des classes, a lieu la journée internationale de l’alphabétisation. L’occasion de rappeler que, sur ce sujet aussi, la situation mondiale est en état d’urgence.

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©vision du monde

L’alphabétisation s’adresse à toute personne sans distinction d’âge, de sexe, de religion, de culture et d’origine sociale, ne sachant pas ou peu lire et écrire, ou ne maîtrisant dans aucune langue les compétences et savoirs de base correspondant au niveau de fin d’études primaires.

Comme les difficultés de maîtrise de l’écrit renforcent gravement la précarité, les personnes concernées rencontrent des problèmes insolubles avec des documents administratifs non traités, des factures impayées, des documents signés à l’aveugle et conduisant au surendettement ou aux abus de droit, des difficultés d’accès au logement et bien d’autres encore. Ces difficultés renforcent la dépendance vis-à-vis des autres et les chances de s’en sortir se réduisent.

258 millions d’enfants déscolarisés dans le monde !

Alors que 773 millions d’adultes sont analphabètes, l’enjeu de la scolarisation est renforcé par la crise de la Covid 19 qui accroît davantage les inégalités. Les nombreux progrès réalisés en faveur de la scolarisation des enfants risquent d’être anéantis. Face à l’épidémie, 1,6 milliard d’enfants ont été retirés de l’école. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité. Dans ce contexte, les enfants les plus vulnérables risquent de ne plus jamais retrouver le chemin de la classe. La pandémie est venue exacerber les vulnérabilités des personnes vivant au sein des contextes fragiles et ruraux. Face à la faim, à la perte de revenus et à l’extrême précarité, les freins liés à la déscolarisation sont d’autant plus grands. Des millions d’enfants ne peuvent se rendre à l’école, car ils doivent parcourir des kilomètres chaque jour pour aller chercher de l’eau ou bien travailler pour aider leur famille à subvenir à ses besoins. Les enfants réfugiés sont souvent peu ou pas intégrés aux systèmes scolaires des pays d’accueil. Les jeunes filles mariées trop jeunes dans l’espoir d’une vie meilleure sont victimes de grossesses précoces qui les obligent à assumer un rôle souvent jugé incompatible avec l’apprentissage scolaire.

Le manque d’infrastructures, de formation du personnel enseignant et de matériel ne permet pas aux enfants d’apprendre dans de bonnes conditions. Ces difficultés sont le quotidien de millions d’enfants partout dans le monde. Elles ne seront pas résolues sans des aides au développement et un soutien durable aux familles frappées par la pauvreté. 


©Vision du monde

Élisabeth Pierson
« Le manque d’éducation conduit à l’obscurantisme »

Marraine de Shin Htet, un garçon âgé de 14 ans qui vit à Dagon Seikkan en Birmanie, Élisabeth Pierson est engagée auprès de l’ONG Vision du Monde depuis de nombreuses années. Elle a été responsable de la délégation du Bas-Rhin de 2005 à 2016. À l’occasion de la journée internationale de l’alphabétisation (08/09), Vision du Monde, qui vient en aide aux enfants les plus vulnérables et qui a su améliorer significativement le niveau de lecture de 1,7 million d’enfants, rappelle que le droit à l’éducation est encore bafoué à travers le monde pour un enfant sur six !

Pourquoi êtes-vous engagée auprès de Vision du monde ?

Avec mon mari nous avons cinq enfants et tout le monde se porte bien. Il y a 15 ans, on s’est demandé ce que l’on pourrait faire pour aider les autres dans le monde. On a cherché une organisation sérieuse et nous avons trouvé Vision du monde. On a rencontré des gens qui sont allés sur place, et qui ont constaté le travail effectué pour leur filleul dans une dizaine de pays. Notre choix est devenu évident. On s’est lancé dans l’aventure. Nous avons parrainé deux garçons en Bolivie, un autre au Bangladesh, une fillette en Birmanie.

Et maintenant, vous êtes marraine d’un adolescent de 14 ans à Dagon Seikkan. Concrètement comment cela se passe ? Vous êtes en contact avec lui ?

Oui, il nous écrit, il nous raconte ce qu’il aime bien, ses ambitions pour plus tard, ce qu’il aimerait faire comme métier, il nous envoie des dessins et nous recevons un rapport tous les ans en fin d’année scolaire.

Quelles sont les missions de Vision du monde ?

Elles s’orientent sur quatre axes : l’eau potable, la nourriture, la bonne santé et l’éducation. Vision du monde, c’est une autre façon de voir le monde ; au lieu de rester dans notre univers et de ne pas nous occuper de ce qui se passe ailleurs au-delà de nos frontières de l’Europe, on s’intéresse à ceux qui sont réellement dans le besoin dans des endroits reculés, où il n’y a rien. Si on aide ces gens-là, on aide vraiment. Pour trouver de l’argent et financer nos projets, on fait et on vend des confitures et des bredele sur le marché de Noël, on organise des concerts, on fait aussi des brocantes, des marchés aux puces. L’argent permet de construire des écoles, d’aménager des classes. On achète des bancs ou des tables, des ardoises, des cahiers et des crayons. Au Liban nous avons installé des latrines, nous avons financé un projet au Vietnam, un autre en Mongolie et puis, la formation des enseignants et la motivation des élèves sont des éléments clés de réussite.

C’est une autre vision pour que le monde devienne meilleur ?

Oui. Nous aidons les familles pour que leur vie soit plus sereine, qu’elles puissent envoyer les enfants à l’école. Quand nous donnons de l’argent, nous nous assurons que les enfants prennent bien le chemin de l’école. À Vision du monde, on voit que les enfants qui font des études deviennent enseignants, médecins, infirmiers ou sages-femmes, ils deviennent des piliers importants de leur société et du monde dans lequel ils vivent.  Il y a des endroits dans le monde où on loue les enfants comme esclaves à partir de six ans, c’est à peine croyable, mais ça existe, les parents louent leurs enfants pour 20 € par mois. Dans d’autres endroits, les petites filles se prostituent très jeunes. Nous faisons tout cela, car on sait bien que le manque d’éducation conduit à l’obscurantisme.