L’appli 3018 vient en aide aux victimes de cyberharcèlement

Face à la multiplication des cas de cyberharcèlement, le gouvernement vient de lancer, en partenariat avec Orange et sous la gestion de l’association e-Enfance, une application mobile permettant de signaler tout acte répréhensible. Baptisé 3018, en référence au numéro d’appel d’urgence déjà mis en place, ce nouvel outil de lutte et de prévention est disponible sur Android et iOS.

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Une nouvelle application mobile, 3018, vient joindre ses forces à la lutte contre le cyberharcèlement à l’école. / ©DR

Longtemps restée à l’écart des errances du monde virtuel, l’école lui est désormais intimement liée. Selon un rapport sénatorial publié en septembre dernier, 6 à 10 % des élèves seraient en effet victime de harcèlement numérique, ce qui représente entre 800 000 et un million d’élèves par an. L’abaissement de l’âge d’accession au premier téléphone mobile a rendu le problème prégnant dès l’école primaire.

Près de 25 % des élèves cyberharcelés disent en effet l’avoir été avant leur entrée au collège. Les chiffres varient selon les chercheurs qui ne sont pas encore tombés d’accord sur une définition commune du cyberharcèlement, mais l’ordre de grandeur reste le même dans toutes les études récentes. À l’époque du rapport, vingt-trois sénateurs de tout horizon politique avaient auditionné parents, enseignants, associations ou encore représentants des réseaux sociaux afin de tirer la sonnette d’alarme. En novembre dernier, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, le président de la République annonçait la création d’un nouvel outil qui viendrait s’ajouter à l’arsenal déjà existant : une application mobile désormais disponible. La « honte doit changer de camp », déclarait alors Emmanuel Macron.

C’est lors d’un déplacement au lycée professionnel de Prony à Asnières-sur-Seine le 8 février dernier, dans le cadre du programme européen Safer Internet Day (la Journée pour un internet plus sûr), que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, ont présenté la nouvelle application qui est désormais disponible sur iOs et Android. « Il nous faut mener une véritable politique du climat scolaire, qui implique l’ensemble de la communauté éducative, et au-delà, la société tout entière, afin de faire reculer le harcèlement et promouvoir le principe qui en est l’antithèse, celui de fraternité. Je me félicite que cette nouvelle application 3018 puisse y contribuer », a expliqué le ministre.

Un outil de signalement et de conservation des faits

Le nom de l’appli, 3018 reprend le numéro d’aide d’urgence pour le cyberharcèlement. Développée en à peine six mois avec le concours d’Orange et sous la responsabilité de l’association e-Enfance, qui s’occupe déjà du 3018, celle-ci s’articule autour de quatre grandes fonctionnalités. Un tchat, tout d’abord, qui permet de trouver de l’aide auprès d’un interlocuteur compétent et de signaler des situations à risque. Un coffre-fort numérique sécurisé, ensuite, qui sert d’espace de stockage des preuves (captures d’écran, photos, liens url, etc.), renseignant notamment sur la fréquence des actes, leur chronologie et leur nature. On trouve également un accès rapide à des fiches pratiques sur le cyberharcèlement pour s’informer sur ses droits et savoir comment réagir.

Enfin, l’autoévaluation de sa situation à l’aide d’un questionnaire, pour encourager la victime à demander de l’aide, est aussi disponible. Les signalements sont transmis aux réseaux sociaux sur lesquels se sont déroulés les faits afin que ceux-ci suppriment les contenus en cause. Les cas les plus graves rejoignent la plateforme Pharos, le portail officiel de signalements de contenus illicites sur internet. Avec l’accord de l’appelant, les signalements faits auprès du 3018 seront transmis aux référents harcèlement académiques pour assurer un suivi immédiat de la situation au sein de l’établissement scolaire. Grâce à ce nouvel outil, le gouvernement, via le ministère de l’Éducation nationale, souhaite ainsi une prise en charge rapide et systématique des victimes.