Le succès des vidéos de stimulation sensorielle

Depuis leur apparition il y a une dizaine d’années, les vidéos d’« ASMR » ont déjà fait l’objet de nombreuses critiques et moqueries. Cette année, les internautes n’ont pas été en reste, au contraire.

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«L’ASMR » pour « Autonomous Sensory Meridian Response » (ou Réponse autonome du méridien sensoriel) aurait le pouvoir de plonger ses adeptes dans un état de relaxation profond, au seuil de l’endormissement. Pour d’autres, ces vidéos provoquent surtout des fous rires ou une certaine gêne. Face caméra, les créateurs d’ASMR incarnent des personnages et tentent, par le son, de créer des atmosphères méditatives pour leur public. En chuchotant à voix basse, en froissant du papier ou en tapotant leurs micros pour faire du bruit, leur but est de créer un cocon tout autour.

À en croire leurs commentaires, ces vidéos font de l’effet puisqu’elles soulageraient insomnies et mauvaises humeurs. Les déclencheurs
(ou « trigger » en anglais), pics de frisson dans l’ASMR, font généralement appel aux mêmes ressorts pour charmer les yeux et les oreilles: une voix douce, des mouvements de main délicats et des sons aussi nets que gutturaux, comme si on y était. Évidemment, ce format a ses détracteurs et ses fans, qui jouent des codes de l’ASMR pour le détourner.

Une recette à sa sauce

S’il ne plaît pas à tous, ce format attire l’œil. Le 10 novembre, une parodie d’« @ASMR_Politics », un twittos s’étant amusé à reproduire une intervention télévisée de Ségolène Royale avec des chuchotements a fait grand bruit. Face à ce succès, il a entrepris de parodier d’autres grands moments de la vie politique française, comme le discours d’Emmanuel Macron à la Porte de Versailles et son fameux « Parce que c’est notre
projet !», ou encore le coup de sang de Jean-Luc Mélenchon et son « La République, c’est moi ! »
. Certaines entreprises ont aussi flairé le filon comme Nintendo, la boîte derrière la société Pokémon, qui a surpris ses fans il y a deux semaines avec une vidéo ASMR de quinze minutes tournée par Pikachu.

Comment expliquer ce succès ?

En dix ans, seules trois études ont tenté d’expliquer les effets de l’ASMR sur le cerveau. L’une d’entre elles, réalisée en 2018, a démontré que les frissons provoqués par les triggers étaient associées à une activation accrue dans les régions du cerveau impliquées dans l’émotion, l’empathie et les comportements d’affiliation.

De manière générale, les effets positifs s’observent sur le long terme. L’ASMR aurait donc vraiment un pouvoir méditatif ? Les auditeurs réguliers en sont persuadés, et c’est aussi selon eux ce qui fait le succès de ces vidéos et leur survie, malgré les railleries de tout Internet depuis dix ans.