Léo Singler – Éclipse musicale

Il se présente en toute modestie comme un jeune musicien de Strasbourg, qui, à bientôt 20 ans, commence à tourner un peu dans les environs. Fan de M, fondateur du groupe Abys et membre de La bande-son, il a commencé l’apprentissage de la guitare à l’école de musique de Hœrdt avant d’emménager à Kilstett. Maxi Flash est allé faire sa connaissance dans son petit studio cosy où il compose entre rap, funk et blues : Léo Singler, entre ombre et lumière, creuse son sillon musical.

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Léo Singler sur le devant de la scène. / ©DR
Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ?

Léo Singler : Ma mère est pianiste classique, moi j’ai commencé par la guitare à 7 ans. À l’école de musique de Hœrdt, je suis tombé sur des profs qui faisaient plus de la musique actuelle que de la musique classique. Et c’est ce vers quoi je me tournais naturellement. J’ai reçu une guitare folk pour mes 10 ans, et je me suis orienté vers l’accompagnement et le chant. À l’entrée au collège, j’ai commencé à m’intéresser à d’autres instruments, au ukulélé, à l’écriture, à la composition aussi. Ma première chanson sérieuse, je devais être en 5e, avec un fond artistique et de composition complet, même si ce n’était pas du tout représentatif de ce que je fais aujourd’hui.

Entre collège et lycée, votre passion pour la musique s’affirme doucement…

LS : Oui alors au collège, j’étais vraiment dans mon trip tout seul. Les cours de musique, c’est ce qui m’intéressait le plus avec les arts plastiques, le côté créatif des matières. J’ai commencé à explorer les logiciels d’enregistrement, d’accords. Et faire des petits arrangements à la maison, des reprises, à ma manière avec très peu de moyens. C’est formateur, quand on n’a pas grand-chose, on se débrouille. Puis je suis entré au lycée Marie Curie à Strasbourg, qui proposait l’option musique. Je commence alors à me rendre compte que la musique pourrait être un avenir sérieux, et une vraie manière de m’exprimer, une manière d’être, en fait. Dans une classe de musiciens du coup, il y a plein de connexions qui se font avec des gens de mon âge qui ont les mêmes centres d’intérêt et c’est l’explosion créative ! J’ai postulé à un concours qui se déroulait à Strasbourg, Les plus belles voix lycéennes, et j’ai terminé deuxième. Par la suite, les musiciens ont décidé de monter une troupe professionnelle à partir des lauréats, qu’ils ont appelée La bande-son, qui tourne toujours aujourd’hui.

Vous preniez des cours de chant entre-temps ?

LS : Pas du tout. Je rentre au conservatoire de Strasbourg en section jazz en 2019, et c’était la première fois que je me présentais pour une section chant. Ça s’appelle le Djemi, le département de jazz et musique improvisée.

Le jeune musicien dans son studio maison. / ©SB
Votre premier EP voit le jour après le confinement de 2020…

LS : Avec le confinement, j’ai trois mois vraiment à la maison. Je dirais que c’est de la pop française, et un peu d’électro, de rock et de rap, donc ça vient d’un peu partout en fait. C’est une période où je voulais faire beaucoup de choses, rester ouvert à tout, et c’est toujours le cas actuellement d’ailleurs. Ce projet a plutôt montré une espèce de polyvalence.

Toucher à tous les styles, c’est une bonne chose ou pas ?

LS : Faut pas trop s’éparpiller, mais il faut montrer ce qu’on sait faire. Il y a quand même un lien: c’est de la musique populaire, pas compliquée à écouter. Elle est disponible sur toutes les plateformes de streaming YouTube, Deezer, Spotify, et ça a dû faire dans les 3000 streams. En toute modestie, je n’avais pas la volonté que ça fasse le tour de Strasbourg, mais j’ai eu beaucoup de vrais retours, constructifs, qui m’ont permis d’avancer, des gens qui me soutenaient simplement et apportaient du positif.

Le groupe Abys démarre au même moment…

LS : Abys, à la base, c’étaient quatre musiciens du même lycée. Moi en tant que chanteur, un batteur, un guitariste et une bassiste. Un groupe de blues rock inspiration 70, qui a un peu évolué depuis, avec un nouveau batteur. On commence à faire pas mal de concerts, et une résidence, qui nous a permis de développer un petit peu notre connaissance de la scène.

Votre mixtape Eclipse est sortie en 2022, quelle est l’évolution musicale ?

LS : C’est un projet plus centré musique urbaine, hip-hop, rap… Un peu éclectique quand même, du funk au reggae, au rock. Je l’ai fait totalement en indépendant et en solo, c’était vraiment moi-même. C’est un 11 titres avec une autre intention artistique que le premier. Dans ce projet-là, j’ai essayé de donner une direction plus type histoire. Le choix du nom, du visuel de l’éclipse aussi, c’est un sens métaphorique parce que moi je voyais deux faces à ce projet, une face très lumineuse et une face plus sombre.

Ce ne sont que des titres originaux, de quoi parlent-ils ?

LS : C’était un projet qui me ressemblait dans le moment, le post-confinement et les difficultés que j’ai eues dans ma vie, la fin du lycée, les chemins qui divergent et les fins de relation en général qui m’ont touché à ce moment-là, et j’ai essayé de mettre tout ça dans ma musique pour faire transparaître des émotions avec, bien sûr, du narratif, du réel et du fictif. Mais ce que je sors sur le moment, ce n’est pas figé dans le temps, certes ça l’est parce que ça va rester, mais moi je vais évoluer.

La mixtape de onze titres, Eclipse.
Vous avez d’autres passions ?

LS : Je fais de la gymnastique depuis mes 6 ans, en compétition, en équipe, de niveau régional, même si on vise le national cette année. Avec le club de Hœrdt, j’aime bien aussi m’investir, je fais partie du comité et de l’animation.

Votre emploi du temps semble bien rempli…

LS : C’est un emploi du temps qui se restreint de plus en plus, surtout en ce moment. J’étudie au CFMI, le centre de formation des musiciens intervenants à Sélestat. J’ai l’impression que là, c’est en train de s’accélérer pas mal. Et en fait, c’est peut-être une bonne chose, ça fait partie de la formation, de l’expérience qui rentre quoi. D’où le projet aussi avec mon groupe, on aimerait aller voir un label pour financer notre album.

Dans 10 ans, où vous voyez-vous ?

LS : Si tout va bien pour notre planète, j’espère dans le spectacle, ce serait sur une scène, mais pas forcément au premier plan. J’aime bien m’intégrer dans des projets alternatifs aussi, comme réaliser une bande-son pour un court métrage. En fait, je pense qu’à notre époque, il faut savoir s’adapter, avoir différentes facettes pour couvrir un maximum de terrain et en même temps, j’adore faire plein de choses différentes. Je sais que la problématique de beaucoup d’artistes connus en ce moment, c’est souvent leur notoriété, la célébrité c’est très difficile à vivre, on ne peut pas retourner à la vie normale. Je ne cherche pas forcément à vivre dans le feu des projecteurs.


L’info en plus

Avec son groupe Abys, Léo Singler a postulé pour le Tremplin musical étudiant Pulsations organisé par le Crous. Ils ont été sélectionnés parmi trente candidatures régionales : le 16 mars à la Pokop à Strasbourg, les quatre finalistes vont se succéder pour des sets de 30 min. Les deux meilleurs vont pouvoir ensuite tenter d’intégrer l’édition nationale.