Ironiquement, depuis le début de l’année, les sciences occultes sont sous le feu des projecteurs. « Quel type de sorcière êtes-vous ? », « Comment préparer un sort de protection ? », « 6 conseils pour débuter dans la sorcellerie » : à en croire les titres de la plupart de ces vidéos, la sorcellerie serait une affaire de tous ; qu’importe qui est le public touché tant qu’il fait preuve d’une certaine ouverture d’esprit. Du XVe au XVIIe siècle, la chasse aux sorcières en Europe et aux États-Unis a été nourrie par de nombreuses vagues de dénonciations. Depuis, au-delà de la fiction, le mythe de la sorcière est régulièrement réinvesti par des générations de jeunes femmes qui perçoivent en cette figure un symbole éminemment féministe. La sorcellerie d’aujourd’hui et même d’hier n’a en fait rien à voir avec son folklore, issu d’années de remodelage et de canonisation forcée. La pratique elle, est bien vivante, et semble trouver un nouveau souffle sur internet.
La brèche du « witch-tok »
WitchTok est une communauté en ligne construite sur TikTok qui a énormément contribué à ce regain de popularité ces derniers mois. Ses adeptes combinent les arcanes de la sorcellerie traditionnelle avec une approche plus légère des principes de sororité, et une réinterprétation plus proche du mouvement de bien-être alternatif (astrologie, naturopathie, lithothérapie…) que celui consistant en de « vrais » travaux, comme peuvent l’entendre ceux – ou plutôt celles – déjà initié(e)s à ces arcanes : tutoriels d’incantation, recettes de philtres et sortilèges de protection. Tandis que le grand public découvre l’existence de ces cercles, les pratiquantes les plus suivies sur YouTube notent une augmentation constante de leur nombre d’abonnés, à l’instar de The Witch of WonderLust (232 000 abonnés) de Heartfire Fox (130 000 abonnés) ou de Harmony Nice (690 000 abonnés), dont les vidéos touchent de plus en plus de non-initié(e)s.
La discorde des générations
Pour certaines de ces pratiquantes qui font des vidéos depuis deux ou trois ans (époque à laquelle ce genre de contenu a commencé à se multiplier), cet effet de mode encore plus récent démontre d’un profond amateurisme et d’une certaine envie d’exister, de se sentir spéciale sans maîtriser l’essence même du milieu, en effleurant un sujet qui mérite une « recontextualisation » perpétuelle et beaucoup de pincettes.