Marie Sebag, Grand Maître International d’échecs

Marie Sebag, 34 ans, est la seule femme française Grand Maître international d’échecs. Elle vit à Paris, mais elle a choisi le Cercle de Bischwiller, un club qu’elle juge aussi performant que convivial.

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La joueuse a obtenu le titre de Grand Maître International en 2008 ©DR

Vous avez appris les échecs très tôt avec votre maman, n’est-ce pas ?

Oui, j’avais 6 ans. J’ai très vite aimé les symboles des pièces, les combinaisons que l’on peut calculer à l’infini. C’est un jeu dont on n’a jamais fini de faire le tour. J’ai commencé dans l’association de mon quartier, à Paris. Rapidement, je suis devenue Championne de France des moins de 8 ans. Je me souviens d’ailleurs avoir fait un match nul contre une Alsacienne. J’ai ensuite été Championne d’Europe des moins de 12 ans, et tout s’est enchaîné.

Vous êtes Grand Maître international mixte depuis 2008. Est-ce le plus haut titre possible ?

Oui, pour obtenir ce titre, il faut une performance ELO de plus de 2 600 (aux échecs, plus le chiffre est haut, plus le joueur est fort). Nous gagnons, ou perdons, des points après chaque partie. Nous pouvons vite monter dans le classement en battant des personnes qui ont de forts ELO. Je suis la seule Française à avoir obtenu ce titre, et peu de femmes dans le monde le détiennent. Nous devons être une trentaine, contre environ 1 500 hommes !

J’ai choisi le club de Bischwiller, car il est très fort

Vous habitez à Paris, mais vous jouez pour le Cercle d’échecs de Bischwiller depuis trois ans. Pourquoi ce choix ?

À Paris, il n’y a pas beaucoup de clubs qui participent au Championnat d’élites. J’ai choisi celui de Bischwiller, car il est très fort ! Il est régulièrement Champion de France. Je connais le président, Roland Reeb, depuis que je suis petite. Grâce à lui, le Cercle d’échecs est dynamique, sympathique, convivial. Je suis de près ce que font les jeunes Bischwillerois. Avant, j’étais dans le club de Strasbourg. Je connais donc l’Alsace. J’adore cette région et son architecture très authentique.

Dans ce contexte de crise sanitaire, pouvez-vous tout de même jouer ?

En ce moment, il ne se passe pas grand-chose. On ne peut pas se rencontrer, mais je fais des parties sur Internet et il y a quelques tournois en ligne. Cela me permet de rester en contact avec les autres joueurs. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup de temps en ce moment, car j’ai une petite fille et je prépare un Master2 de psychologie. Malgré tout, je n’abandonnerai jamais
les échecs !

Qu’avez-vous pensé du Jeu de la dame, la série consacrée aux échecs que l’on peut voir sur Netflix ?

J’ai regardé la série et je la trouve très réaliste. On y voit de vraies parties. J’ai d’ailleurs reconnu des parties célèbres. J’ai aimé le fait qu’on y retrouve la convivialité des échecs. Par contre, dans la réalité, les joueurs n’enchaînent pas les victoires aussi facilement, il y a beaucoup de matchs nuls, et les parties ne sont pas aussi rapides ! Un bon joueur est concentré et prend tout le temps qui lui est donné pour décider du prochain coup.