Marion Heinemann, « Avec un paysagiste, un jardin devient une plus-value »

Cette jeune architecte paysagiste de Gundershoffen est revenue en Alsace au moment du confinement avec un beau diplôme en poche, mais sans travail. Heureusement, les choses se sont arrangées très vite, Marion vient d’être engagée par Alsacienne de Paysage à Rœschwoog. Plus que ses jardins, c’est son destin qui s’annonce extraordinaire.

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Vous avez 26 ans, un mot sur votre parcours avant votre retour en Alsace.

J’ai démarré par la filière agricole à Obernai, puis je suis partie à Lille pour faire un BTS aménagement paysager, et je suis entrée dans la prestigieuse École d’architecture du jardin à Versailles, la plus réputée au monde. J’ai aussi travaillé pour un grand jardin public aux États-Unis. Il y a un an, j’ai connu mon premier emploi, à Lyon, avant de le perdre suite au confinement. Je suis revenue en Alsace et j’ai intégré le bureau d’études de la société Alsacienne de Paysage qui propose la création complète, le terrassement, les plantations, l’installation de la piscine, la mise en place de clôtures, etc. Mon rôle est de dessiner des jardins, souvent en ne partant de rien.

D’où vient votre envie de faire ce métier ?

Le paysagiste travaille avec l’espace et, dans ma famille à Gundershoffen, j’ai eu la chance de côtoyer de très près le milieu agricole. J’ai toujours été dehors, au contact avec les plantes, avec les chevaux… C’est ma porte d’entrée. Quand j’ai découvert la filière, je me suis lancée et je dois dire que l’enthousiasme de mes professeurs a joué un grand rôle. Le désir de devenir paysagiste s’est construit avec le temps.

Vous avez la chance d’exercer maintenant en Alsace.

Oui, j’imaginais revenir un jour, mais pas avant une dizaine d’années, car, quand on débute dans ce domaine, les deux gros «spots» c’est Paris et Lyon, éventuellement Lille. C’est très dur de se faire une place, il y a beaucoup de turnover, on doit beaucoup bouger, c’est le métier qui veut ça. Alors oui, quelle chance d’avoir été engagée par Christophe Ferrandon et Alsacienne de Paysage.

C’est quoi un jardin réussi pour vous ?

C’est un jardin que l’on a imaginé avant de construire la maison. Quand elle est installée en plein milieu d’une parcelle et qu’il reste peu d’espace, c’est le pire des scénarios. Si le paysagiste travaille avec l’architecte, c’est formidable et le jardin devient une plus-value.

Quelle est la particularité des jardins en Alsace ?

Nous sommes dans une région où les écarts de température sont importants, depuis des siècles les végétaux sont habitués à ces grandes variations. Quand on imagine un projet, la connaissance du contexte est essentielle ; si l’on est plus près des Vosges ou dans l’ancien bassin d’extension du Rhin, ce ne sont pas du tout les mêmes terres. Il faut d’abord penser à ce qui va tenir sur le long terme. On se demande ce qui existe, ce que l’on peut utiliser ou réutiliser pour l’ambiance que l’on veut donner, un peu plus méditerranéenne ou bretonne par exemple. Mais on l’imagine en fonction de ce qui compose le territoire, les sols et le climat. Le paysagiste va mettre le doigt sur le contexte.

Quel est votre plus grand rêve ?

J’ai envie de le construire progressivement, de créer un jour ma propre société. J’aimerais dessiner des jardins qui sont l’extension de la maison, avec une petite ambiance botanique, des jardins comestibles qui ne sont pas des fardeaux, qui produisent, car nous sommes en Alsace sur une terre agricole. Alors évidemment, il y a toujours beaucoup d’entretien avec un jardin, sinon on coule du macadam ou l’on fait un jardin complètement minéral.