Maxime Lenglet : Rénover sa maison pour mettre sa planète à l’abri

Maxime Lenglet est le directeur général d’Oktave, le service régional de rénovation performante de l’habitat. Initiée en 2015 par la Région et l’Ademe, elle est devenue une Société d’Économie Mixte (SEM) en 2018, avec pour objectifs de transformer les dépenses d’énergie en travaux de rénovation et ainsi rendre le territoire moins énergivore. L’idée est d’encourager, de faciliter et d’accompagner les projets de rénovation performante de l’habitat sur l’ensemble du territoire de la région Grand Est, là où un million de maisons ont été construites avant la première réglementation thermique en 1973, là où la facture s’élève à 2 milliards d’euros par an. Le bâtiment est le premier consommateur d’énergie après le transport. Un scénario de travaux adapté augmente la valeur d’un bien et permet de diviser sa facture d’énergie par 3, 4 ou 5.

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Lorsque l’on vous pose la question, Oktave c’est quoi ? Que répondez-vous ? 

C’est une structure unique, la plateforme de la Région Grand Est qui accompagne les propriétaires dans leur projet de rénovation énergétique performant. Nous proposons un accompagnement technique et un accompagnement financier, c’est l’ADN d’Oktave. 

Concrètement, si l’on doit rénover sa maison, comment ça se passe ? 

On appelle ou l’on va voir un conseiller Oktave sur le territoire d’Alsace du Nord, pour exposer ses besoins. À l’issue de cet échange, le conseiller peut aller jusqu’à proposer une visite gratuite sur place pour se rendre compte de la situation, il fait un audit technico-économique du bâti, du projet, du fonctionnement du ménage qui l’occupe. Il propose ensuite des scénarios de travaux adaptés à la rénovation performante, et l’on trouve un équilibre financier. On vise la norme BBC (bâtiment basse consommation) à chaque fois. Tout le monde est capable de faire changer ses fenêtres ou sa chaudière, mais avec Oktave on pousse la réflexion un peu plus loin et on est là pour mettre en place les moyens.

C’est un accompagnement personnalisé ?

Oui, car chaque cas est un cas particulier. Nos usages, nos besoins, nos envies, nos patrimoines sont différents. Nos maisons sont toutes différentes. Après l’achat, une rénovation est aussi un projet de vie, cela représente des montants et des investissements non négligeables. 

Vous évoquiez l’équilibre financier ? 

Dans le scénario, nous allons prendre en compte l’économie que la rénovation dégage. Et l’engagement d’Oktave est de dire : financez vos travaux avec les économies réalisées sur votre facture d’énergie. Si je consomme 2 500 euros de fioul par an avant et 500 euros après, je vais dégager 2 000 euros que je vais peut-être pouvoir utiliser pour financer mes travaux. 

C’est le seul levier ? 

Non, le financement de la rénovation c’est d’abord les aides disponibles. Chaque ménage est éligible à des aides comme MaPrimeRénov’, l’Anah ou Action Logement… C’est au cas par cas, en fonction des travaux et des revenus. En moyenne, les aides représentent 20 à 25% du budget. Reste l’apport personnel quand il existe et le financement bancaire à mettre en place. Nous allons chercher la solution la plus adaptée avec nos partenaires. Par exemple, l’éco prêt à taux zéro, des prêts travaux ou une restructuration de la dette. On organise régulièrement le rachat d’un crédit immobilier en cours en contractant un prêt avec un nouveau taux qui englobe le reste de la maison à financer et les travaux à réaliser. Et souvent, l’effort est très léger. C’est cela l’ingénierie financière d’Oktave. 

Souvent, si l’on est éligible aux aides, on les touche assez tard, une fois que les travaux sont faits. Ce n’est pas le cas avec Oktave ? 

Nous rendons les travaux possibles, car c’est bien de financer les travaux avec les économies d’énergie, mais il faut régler les travaux pour commencer à faire des économies. Avec nous, l’argent des aides est disponible au démarrage des travaux pour payer les premières factures et ça, ça change tout. Notre structure mixte, entre publique et privée rend tout cela possible. Le but d’Oktave n’est pas de dégager des bénéfices, mais d’être à l’équilibre en apportant des outils qui manquent sur le territoire pour accompagner les ménages et répondre aux exigences écologiques.

Depuis 2018, combien de ménages avez-vous accompagnés ? Et quel est votre objectif ? 

Notre activité à réellement démarré début 2019 et depuis, 150 chantiers ont été traités ou sont en cours sur le Grand Est. Notre objectif est d’arriver à 1 500 logements accompagnés par an. 

Le but ultime est de rendre le territoire moins énergivore, car il l’est beaucoup trop ? 

Absolument. Sur la région Grand Est, pour atteindre les objectifs qu’imposent la loi de transition énergétique et la croissance verte de disposer d’un parc à la norme basse consommation en 2050, cela nécessite de rénover plus de 40 000 habitations par an. 

C’est réalisable ? 

La rénovation énergétique ne se décrète pas. Vous pouvez faire toutes les lois que vous voulez, vous ne pouvez pas aller frapper à chaque porte pour imposer une rénovation si vous n’arrivez pas avec des outils et des solutions. Ce qui est à faire est énorme et Oktave y contribue en mettant en œuvre les solutions techniques et financières. Pour la planète, si l’on ne fait rien, cela sera catastrophique.