Mietesheim – Le jour où… Gretel, 94 ans, a rencontré Georges

Gretel est née dans la maison familiale d’Uhrwiller, située à cinq kilomètres de Mietesheim où elle vit maintenant depuis plus de 70 ans.

0
1016
Gretel ©DR

On ne peut pas dire qu’elle y ait été dépaysée puisqu’on y prépare la même Quatschèkueche met Blätterteig. Cette tarte locale, à base de compote de quetsches séchées sur pâte feuilletée recouverte de bandelettes de pâte coupées à l’aide d’une roulette cannelée, n’a manqué à aucun Messti ! C’est d’ailleurs au Messti de Mühlthal qu’elle croise pour la première fois le regard de celui qui sera son mari : un paysan de Mietesheim, un comble pour elle qui avait aidé jusque-là ses parents à la ferme et qui se voyait épouser tout sauf un paysan !

Ce soir-là, les quatorze kilomètres parcourus avec ses amies à vélo ne l’ont pas empêchée de profiter du bal et de la fraîcheur de ses vingt ans. En prévision du mariage, leur union a été officialisée lors d’un repas dominical chez sa belle-famille à Mietesheim. Le prétendant, Georges, est venu ce matin-là chercher Gretel chez elle, comme il se doit, en char à bancs tiré par un cheval.

Pour la petite histoire : le jeune homme était venu quelques jours plus tôt récupérer ce même char à banc dans la famille de Gretel, car la sienne n’en possédait pas à ce moment-là ! À cette époque, il était encore rare de se marier hors de son village, alors au moment de le quitter, un rituel encourageait les garçons à tendre symboliquement une corde pour empêcher l’évasion de la future épouse, Gretel s’en souvient en riant. Les meubles fabriqués par un menuisier d’Uhrwiller, qu’elle avait apportés à l’époque comme dot, meublent toujours encore sa pièce à vivre et sa chambre à coucher. Gretel s’était aussi confectionné un «trousseau» de nappes et de draps brodés par ses soins pour se mettre en ménage. Pour son mariage, elle a eu comme cadeau…une vache, un bon début pour constituer un troupeau ! Cette dernière a commencé par lui fracturer le pied lorsqu’elle a voulu la traire ce qui lui a valu un beau plâtre, mais pas d’arrêt de travail, malgré la toute récente instauration de la MSA ! Gretel a finalement apprécié son travail à la ferme, simplifié par l’arrivée de la mécanisation et de leur premier tracteur, un Ferguson.

C’est ainsi qu’elle a vécu toute sa vie maritale à Mietesheim, élevant deux garçons, se consacrant à son potager, à son verger, à ses fleurs et menant son mariage jusqu’aux noces de diamant ! Aujourd’hui Gretel est veuve et affirme que si c’était à refaire, c’est sans hésiter qu’elle épouserait à nouveau Georges. Elle n’a jamais douté de la longévité de leur union et apprécie, tel un joyau, le fruit de leur amour : deux fils, quatre petits-enfants et trois arrière-petits-enfants.

L.B.