On Ruffet le Match #32 Une période qui compte

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Sébastien Ruffet ©Hugo Cappa

On n’a peut-être pas l’impression, mais cette douce sensation de fin de saison, ce sentiment d’arriver au bout d’un long chemin, de lire les derniers chapitres, est un peu le buisson qui cache la toundra.

Parce que réellement, c’est maintenant que la saison prochaine se dessine. Les tractations en coulisses, les profils de joueurs à cibler, des entraîneurs à changer, des staffs à étoffer… Finalement, la préparation d’avant saison va déjà débuter début juillet pour les footballeurs, peut-être un peu plus tard pour les autres qui ne démarrent leurs championnats qu’en septembre, ce qui place les clubs face à une forme d’urgence. Il y a certes, une saison à finir – avec plus ou moins d’objectifs – mais il y a donc une saison à construire aussi. Avec les mêmes ? Et sinon, avec qui ? Avec quels moyens en Alsace ?

Dante, le défenseur de Nice de 39 ans l’a redit l’autre jour : on ne peut pas vendre six joueurs et acheter six joueurs au dernier jour du mercato. Si l’argument peut s’entendre pour les clubs qui ont un PEL à craquer très tôt à l’intersaison, comment fait-on pour être efficace quand on est le Racing, la SIG ou le SAHB ? On est obligé d’attendre et de flairer les bonnes affaires de last minute. Si l’Alsace compte nombre de clubs et de sportifs de haut niveau, dans aucune discipline elle n’arrive à se placer parmi les tout meilleurs, à quelques exceptions près, comme les gymnastes de Haguenau ou les poloïstes du Team Strasbourg.

Cette terre de sport est-elle pour autant condamnée à jouer le rôle du cousin éloigné qu’on aime bien voir de temps en temps, mais qu’on n’imagine jamais inviter à toutes les réceptions? Un petit play-off par ci, une place d’honneur
par-là, et ça ira bien.

L’Alsace est pourtant une région assez riche, avec quelques belles entreprises. Et si, en y réfléchissant bien, son « cocardisme » était sa faiblesse ? Combien de fois a-t-on entendu des supporters s’interroger sur ces boîtes alsaciennes qui pourraient investir davantage dans le sport local ? Mais si elles ne le veulent pas ? D’un autre côté, on sent qu’un gros sponsor international susciterait le scepticisme. Alors on fait quoi ?

Si une entreprise chinoise de roulements à billes veut mettre 100 millions d’euros dans le Racing, que dira-t-on ? Et on ne trouvera pas toujours des riches américains qui portent un nom de bretzel comme Todd Boehly, à l’affût pour prendre des parts du côté de la Meinau. Le coup marketing serait énorme, comme un Météor Stadium.