On Ruffet le match #34 La fin des mégastars ?

0
603
Sébastien Ruffet ©Hugo Cappa

Avec la retraite de l’inénarrable Zlatan Ibrahimovic, du légendaire Roger Federer avant lui, et celles approchant, inexorablement, de Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Rafael Nadal, Lebron James, Nikola Karabatic, voire Lewis Hamilton, je me suis posé une question. Ne serait-ce pas la fin d’une ère ?

Bien sûr, il y a eu des superstars par le passé, à l’image du Roi Pelé, de Maradona, de Bjorn Borg, Ayrton Senna ou encore Serge Blanco. Il y en a bien sûr d’autres, mais on garde d’eux quelques chiffres, quelques images, et surtout beaucoup de témoignages.

Les mégastars que j’évoque ici, celles qui ont martyrisé leurs contemporains depuis le début des années 2000, ont ceci de particulier qu’elles ont émergé avec les réseaux sociaux. Dans les années 60, 70, 80, on apercevait ici ou là quelques exploits quand on avait la chance d’avoir la télévision. Mais depuis quinze, vingt ans, les sportifs sont épiés du matin au soir, chaque match est décortiqué, chaque geste analysé, et cette surmédiatisation a fait rentrer les meilleurs dans une sphère totalement et réellement planétaire.

Y’a quoi au-dessus de méga ?

Qui seront alors les successeurs, en popularité, des Serena Williams (car oui, n’oublions pas les femmes !), Megan Rapinoe, Laure Manaudou, Michael Phelps ou encore Stephen Curry ? Aujourd’hui, les jeunes loups aux dents longues sont finalement sur un pied d’égalité. Ils sont tous sur Instagram, TikTok, Discord, BeReal ou encore Twitch pour les plus assidus. Leurs communautés se valent, se répondent. Les joueurs n’hésitent d’ailleurs plus à se fricoter par réseau interposé (Cf Medvedev – Tsitsipas), alimentant encore plus les partages, les commentaires, les likes.

Les athlètes d’aujourd’hui sont tous hyperpréparés, forts physiquement, mentalement, techniquement. Ils et elles sont tous et toutes formé.e.s à la communication, accompagné.e.s au quotidien par un community manager, qui a un rôle presque aussi important que le kiné ou le nutritionniste. Les « feeds » dégueulent de highlights, de gestes toujours plus fous, sans qu’on identifie, parfois, l’auteur de la dinguerie. Alors qui ? Qui dans cette masse difforme qui fait chauffer des serveurs informatiques à travers le monde prendra ce leadership ? Quand les mégastars auront tiré leur révérence, peut-être reviendra-t-on à une forme de pluralité, car, il faut bien le dire : elles prennent encore beaucoup, beaucoup de place.