On Ruffet le match – Camembert

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Sébastien Ruffet ©Hugo Cappa

Attention, changement d’ère. Quand petit, vous disiez dans la cour de récréation « ferme ta boîte à camembert ! », vous ne pensiez pas à mal. Cette petite injonction venait à la frontière de l’interdit, flirtait avec les gros mots des grands, comme lorsqu’on s’écrie PU… naise !

Cette fois, la boîte à camembert prend un bon coup derrière la carafe. Le problème ?
Le bois léger qui caractérise le réceptacle de l’éminent fromage qui incarne si bien la France à travers le monde ne serait pas recyclable. Cette matière ne représentant que 0,01% des déchets, cela coûte trop cher d’adapter la filière. Il se trouve que la Commission européenne veut un maximum d’emballages écoresponsables, et donc recyclables. Alors nos amis normands, tout aussi irréductibles que peuvent l’être les Alsaciens quand on touche à leurs traditions, montent au créneau. Dans quoi on va bien pouvoir mettre notre camembert, si ce n’est pas dans une boîte en bois ?!

Tel un astre

La vie est faite de concessions. La vie est à pâte molle. Quand elle a traîné un peu trop longtemps, la vie ne sent pas toujours très bon. Et elle se termine bien souvent dans une boîte en bois qui fait juste la bonne dimension.

Oui, le camembert, c’est la vie. Différents âges, différents mariages, des avis plus ou moins tranchés, une personnalité affirmée qui ne laisse pas indifférent. Personne ne dira jamais : « Le camembert ? Ouais, je sais pas ». Non. On adore, on déteste, on le partage, on le grignote avec un petit raisin, on lui trouve un vin pas trop lourd, voire un peu frais, pour l’accompagner. On aime le voir vieillir.

Qui imaginerait un vrai plateau de fromages sans un camembert rond comme un soleil ?
Mais s’il faut se faire une raison, alors faisons-la-nous. Après tout, toutes les caractéristiques évoquées ci-dessus se retrouvent facilement dans un produit tout droit descendu des pâturages alsaciens : le munster. Et lui, au moins, a le bon goût de ne pas être dans une boîte en bois.