On ruffet le match#5 – Volée du gauche

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Cette chronique aurait aussi pu s’appeler « Ne jamais lâcher », mais ça manquait d’énigmatisme. Et tant qu’à faire, utilisons des mots qui n’existent pas. Cette volée du gauche fait d’abord penser à ce bijou signé Kévin Gameiro contre l’OM, pour arracher un match nul (2-2) au bout d’un nul match, mais dont les 15 dernières minutes nous font tout oublier et pardonner.

KG qui venait de buter coup sur coup sur le gardien marseillais, et qui ne s’est pas posé plus de questions que ça pour lâcher un pétard sur cette balle venant du ciel. « J’ai fait du Gameiro », a ensuite rigolé l’attaquant de 35 ans, qui n’aura jamais arrêté de courir durant cette partie. En somme, la juste récompense d’une débauche d’énergie insondable.

Au même moment, au tournoi ITF de Sarreguemines, l’Alsacien Dan Added se qualifiait pour la finale au terme d’un combat de 3h07 face à l’Allemand Elmar Ejupovic (?) : 7-6 6-7 7-6. Dan n’a concédé aucune balle de break, mais a manqué les 10 dont il a bénéficié ! Il aurait été facile de s’agacer, d’y voir la fatalité, de se dire qu’au bout du compte, on allait finir par passer à la casserole, après avoir la cocote qui bout. En gros, faire une Benoît Paire.

Au même moment (ou presque), ce bon vieux Benoît, justement – admirez le jeu de transition pour vite se projeter vers l’avant – faisait quelques frappes à l’entraînement du Stade Brestois, club de Ligue 1. Petit exercice devant le but en toute détente, et cette volée du gauche qui part petit filet. Les joies de Twitter notamment font qu’en termes de commentaires, on atteint des sommets. En résumé, Benoît serait sans doute un bon footballeur, mais un tennisman « nul ». Nul. 18e mondial, 3 titres, demi-finale à Rome, quart de finale à l’Open d’Australie, pratiquement 10 millions de dollars de gain en carrière… Sans compter les amorties rétro qu’il a été le seul à poser sur le circuit. Comme on dit de nos jours, les gars, il faut savoir doser.

J’ai aussi lu que Kévin Gameiro était « nul dans le jeu ». On peut estimer qu’il n’est plus au niveau d’une époque bénite où il a remporté quatre Europa League, mais son apport reste inestimable pour un club comme le Racing. Là aussi, il faut doser.

Surtout, de nos jours, la critique est rapide, et immédiatement violente. Les extrêmes, toujours les extrêmes. C’est à celui qui aura le mot le plus fort, et donc, le plus injuste. Parce que, quand même, c’est pas tout le monde qui peut poser une volée du gauche comme Kévin ou Benoît.