OnlyFans : un business presque confidentiel

OnlyFans est devenu un réseau social très à la mode pendant le confinement. Surnommée « l’Instagram du porno », la plateforme permet à des célébrités ou à des inconnus de vendre des photos et des vidéos intimes sur Internet.

0
4196

Malgré le torrent de vidéos érotiques disponibles gratuitement en ligne, il existe un appétit manifeste pour le contenu exclusif. La réglementation d’OnlyFans, très libérale sur les contenus sexuellement explicites, en a fait le nouvel eldorado des travailleurs du sexe sur Internet. Les créateurs peuvent y télécharger des vidéos et des photos pour leurs abonnés, qu’ils facturent par vue ou par abonnement. «

Beaucoup de gens préfèrent “l’authenticité” des non-professionnels qu’ils peuvent trouver en ligne, que ce soit sur Pornhub ou via des sites de réseaux sociaux », déclare à ce sujet Clarissa Smith, professeur américaine et co-rédactrice en chef du Journal of Porn Studie auprès d’Insider. Depuis l’annonce de la pandémie à la mi-mars, 29,4 millions de personnes aux États-Unis ont perdu leur emploi. Au cours de cette période, plus de 450 000 personnes se sont créé un compte sur OnlyFans.

Le nouveau créneau du porno amateur

S’ils ne sont pas tous des stars, la plupart des contributeurs de la plateforme possèdent au moins un compte Twitch, Instagram ou TikTok avec beaucoup d’abonnés. Emilie (son nom a été changé) vend des photos en petite tenue pour arrondir ses fins de mois. Pour quelques euros, cette Strasbourgeoise de 24 ans permet à ses « fans » qui la suivent sur d’autres réseaux de consulter des photos privées.

En messages privés, elle répond aux commandes de certains : 20 euros pour une photo en sous-vêtements, 50 euros pour une danse. Pourtant, comme la majorité des utilisateurs, elle est loin d’être une professionnelle du sexe. « En restant relativement anonyme, je peux me faire entre 300 et 400 euros par mois », confie-t-elle. « C’est une opportunité en or pour faire de l’argent à côté de mes études. »

Comme un nouveau souffle dans l’industrie

Avec seulement une dizaine de milliers d’abonnés, OnlyFan peut rapporter près de 100 000 euros par an. Sur Internet, la majorité des droits d’auteur du secteur érotique ne sont pas reversés : un des points positifs de cette tendance pourrait être que les consommateurs commencent à apprécier la nécessité de payer pour leur contenu. « Sur le long terme, ça pourrait tout changer, de la reconnaissance du droit des travailleuses à la fin du “ slutshaming ”. Notre génération est beaucoup plus ouverte sur les questions sexuelles que l’étaient nos aînés, c’est le moment de prouver qu’on est maîtres(ses) de nos corps » conclue Emilie.