Orgues Blumenroeder : de Haguenau à Versailles

Il y a trois ans, Maxi Flash avait rencontré l’Haguenovien Quentin Blumenroeder, pour un entretien autour de son métier, facteur d’orgues. Il y a trois ans également, Château Versailles spectacles lui passait une belle commande : la construction d’un orgue pour la Chapelle Royale. Après un travail de longue haleine, l’instrument vient d’être baptisé.

0
1876

Il y aura donc un peu de Haguenau à Versailles. « C’est la deuxième fois que nous sommes appelés pour un orgue à Versailles. C’est incroyable. Même dans nos rêves les plus fous on ne peut pas imaginer une chose pareille », se réjouit Quentin Blumenroeder.
« C’est la plus belle chapelle de France, dans laquelle énormément de concerts sont donnés. »

Défi de taille !

Quentin Blumenroeder a construit pour la Chapelle Royale une pièce sublime et totalement unique. « C’est un orgue positif. Cela signifie qu’il est posé au sol. Habituellement, les orgues positifs sont de taille assez modeste pour ne pas avoir besoin d’être suspendus. Or celui-ci est d’une taille bien plus conséquente. » Un sacré défi pour l’équipe alsacienne. « Nous avions des contraintes de couleurs. Le lieu a été créé en toute modestie : jusqu’à la deuxième galerie, il n’y a que du blanc et de l’or. C’est sobre et très beau. » Le choix s’est donc porté sur un blanc cassé. « C’est le blanc qui correspond aux autres œuvres, et c’est aussi le blanc historique de Louis XIV. » Le tout orné de beaucoup de surfaces dorées : le maître-autel est recouvert d’or !

Inspiration alsacienne

Cette création a été réalisée d’après le grand facteur d’orgues alsacien Silbermann. « Ça tombe bien puisque l’orgue Silbermann (1717) de l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg est également blanc et doré. Nous nous en sommes inspirés. »
Au total, « il aura fallu plus de 3000 heures de travail et une douzaine de personnes pour réaliser cet orgue. Cela va de la conception à la mise en peinture, en passant par la sculpture ou encore la dorure ».

Trouver des astuces

Selon Quentin Blumenroeder, le travail a été plus fastidieux que d’habitude. « Cela reste un instrument de petite taille avec quand même 400 tuyaux. Nous avons donc dû réfléchir à des questions de place.» De plus, cet orgue ne sera pas soliste, mais jouera au milieu de l’orchestre. C’est donc l’orchestre qui lui impose l’accordage. « Il doit être accordable de toute sorte de façon. Nous avons également mis en place un dispositif pour maintenir le diapason malgré les changements de température ou d’accordage. »

Au niveau visuel, l’instrument regorge aussi de surprises. « Nous avons créé une porte dans l’orgue pour que le musicien puisse voir le violoncelliste », s’amuse Quentin Blumenroeder.

Alors que le nouveau-né vient d’être baptisé, de nombreux projets sont déjà en cours dans la Manufacture Blumenroeder. Des projets locaux, comme pour le Temple Neuf de Strasbourg ou à Rosheim, mais aussi à l’étranger avec des chantiers en Suisse. Et peut-être bientôt « le plus grand projet de ma carrière », quelque part en Allemagne…