Philippe Pfrimmer – L’Alsace assurée de gagner

Le maire de Vendenheim et vice-président de l’Eurométropole est devenu directeur de l’Office pour la langue et les cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) cette année. Bercé à l’alsacien depuis sa plus tendre enfance, Philippe Pfrimmer compte bien se rendre utile pour sa région et sa culture.

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Vous êtes entré tardivement en politique. Qui étiez-vous dans la vie d’avant ?

Philippe Pfrimmer : J’ai grandi à Eckwersheim, un village au nord de Strasbourg. Aujourd’hui, c’est une banlieue un peu chic, mais ce n’était pas le cas à mon époque. Quand j’étais petit, mes grands-parents et mes parents ne parlaient que l’alsacien. Ce n’est qu’en entrant à l’école que j’ai appris le français. Dans mes études, j’ai réalisé un brevet de technicien supérieur, un baccalauréat comptabilité et un BTS transport et logistique. Je suis entré dans la vie active en étant d’abord responsable commercial dans une société de location. Ce n’est que plus tard que j’ai intégré les assurances. J’ai travaillé vingt-cinq années dans ce domaine, dont quinze à mon compte. J’étais agent général à Haguenau, sous le panneau Generali.

Votre premier mandat politique remonte à 2014 !

Je suis devenu maire de Vendenheim presque par hasard. À l’époque, nous n’étions qu’une bande de copains qui critiquait ce que faisaient les élus de notre village. Nous étions des observateurs attentifs de la vie locale. Ensemble, nous avons monté une équipe et nous avons eu la chance de gagner les élections. Je ne rêvais pas de faire de la politique, mais je ne cache pas que ça a changé ma vie. J’étais investi de manière assez intense dans mon business lorsque j’ai obtenu ce mandat de maire. C’était difficile de gérer ces deux activités. J’ai forcément levé le pied dans ma vie d’assureur pour mener à bien mon mandat. De plus, ce domaine m’avait bien fatigué après vingt ans de carrière. Cette première opportunité politique est arrivée au bon moment.

Et ce premier mandat n’était pas de tout repos…

Il était musclé et nous avons réalisé plein de choses. Entre 2014 et 2020, la décision de construire le GCO est tombée. Elle rend peut-être service à des Alsaciens, mais elle passe à cent mètres sous les fenêtres des Fédinois. Ce n’est pas un cadeau pour Vendenheim. À côté de ça, il y a aussi eu la rénovation de la zone commerciale, pilotée avec l’Eurométropole, mais aussi la création de la Shopping Promenade et le dossier de la raffinerie dite « de Reichstett » qui, en réalité, est à 85 % sur le ban communal de Vendenheim. Le quatrième dossier, c’était le remembrement de notre commune. La Ville compte 6 000 habitants et son ban communal est immense. Ce dossier, à l’heure qu’il est, n’est pas terminé. Chacun de ses quatre gros morceaux représente séparément des dizaines de réunions. En tant que maire, j’étais – et je suis toujours – en première ligne. Dans l’adversité, par gros temps, c’est là que je me suis rendu compte de la valeur des hommes. J’ai affronté des choses que je ne n’imaginais même pas vivre. Un an avant les élections de 2020, je me suis même demandé si j’allais continuer ou pas.

Pourtant, en 2020, vous êtes réélu à Vendenheim et vous intégrez l’équipe de l’Eurométropole. Quelles sont vos missions ?

Oui. Les deux groupes d’opposition, très féroces avec moi pendant le premier mandat, ne se sont pas présentés et nous avons remporté les élections municipales avec mon équipe. Sur ce deuxième mandat, nous avons un million d’euros de moyens en moins par rapport à 2014. À côté de ça, les factures d’électricité et gaz ont aussi augmenté. Nous avons dû revoir nos priorités sur certains projets. Nous ne pouvons plus tout faire alors que les attentes et les besoins sont là. Mais en 2020, effectivement, je suis devenu vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg. C’est un très beau portefeuille dont j’ai hérité. Dans ce rôle, j’aide les communes dans leurs relations avec la métropole. Nous apportons de l’aide aux plus petites d’entre elles. Pour les plus grandes, nous jouons un rôle d’animateur qui fait le lien entre les deux entités. Dans ma boîte à outils, il n’y a que de l’huile. J’en mets de temps en temps dans les rouages et ça roule tout seul.

Quand avez-vous pris la décision de stopper votre activité d’assureur ?

C’était en 2020. J’ai vendu mon cabinet après avoir pris la décision de faire une année sabbatique. Au bout de trois mois, j’ai compris que je ne voulais pas vivre de la politique. C’est à ce moment que j’ai vu l’offre de l’OLCA. L’organisation cherchait un manager, capable de gérer une équipe d’une petite dizaine de personnes, de faire le lien avec les partenaires, mais aussi de faire sa promotion. Entre mon expérience professionnelle et mon expérience d’élu local, je pense que je cochais une grande majorité des cases.

Vous avez postulé et vous avez été recruté. À quoi ressemblaient vos débuts ?

J’ai démarré le 10 janvier, tout en conservant des plages de liberté pour gérer mes mandats. Dès le début, j’ai remarqué que cette mission à l’OLCA se combinait très bien à ma vie d’élu local. De plus, cela a créé des interactions hyper positives. En tant qu’élu, je suis au courant des attentes des communes, et en tant que directeur de l’OLCA, je peux offrir des réponses. Je suis chargé de mettre en œuvre les directives, décidées par la présidence et le conseil d’administration. Je suis un technicien, je laisse la partie « politique » aux élus. Cette organisation est une manière pour moi de me rendre utile pour ma région, à laquelle je suis attaché, aussi bien par son dialecte que sa culture. L’Alsace est une belle région qui m’a beaucoup apporté dans la vie. Je serai heureux de lui rendre la pareille. En plus de le parler, toute l’équipe de l’OLCA vit l’alsacien, mais pas que. La Moselle et la région de Sarreguemines en font aussi partie. D’ailleurs, jusqu’à la fin de l’année, plus de 800 événements, autour de l’Alsace ou de la Moselle, auront lieu sur tout le territoire, et sous diverses formes.