Plus grands que le monde de Meredith Hall

Un premier roman envoûtant et émouvant qui nous emmène vers une exploration de la famille, de ses territoires et de ce qui vient s’y raconter quand surgit le drame.Éditions Philippe Rey.

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©isabelle arnould

C’est au cœur de la famille Senter que nous propulse Meredith Hall. Tup et Doris mariés en 1933 se sont installés dans la ferme familiale afin de faire perdurer l’exploitation laitière. De ce couple amoureux sont nés trois enfants : Sonny, Dodie et Beston. Deux garçons et une fille apportant au quotidien une lumière précieuse à Doris, mère aimante et protectrice. Ses enfants sont sa vie telle une bulle protectrice au cœur de cette famille unie, exploitant la terre. Pourtant dès le départ on sent poindre la tragédie, celle nous rappelant avec indélicatesse que la vie ne ressemble jamais à ce qu’on s’était imaginé.

Chez les Senter, un jour gris fera tout basculer, rompant brutalement l’équilibre et la douceur ouatée qui imprégnait la maisonnée.

Et quand le drame surgit, que faire de cet amour qui irriguait la famille ? Quand les orages du chagrin, de la culpabilité et de la colère grondent, comment continuer à avancer sur le chemin que l’on s’était promis de ne jamais abandonner, celui sur lequel nous entraîne le récit sur deux décennies ? Les voix de Tup, Doris et Dodie, donnent à entendre chacune leur tour ce qui va venir se jouer dans l’intimité de chacun, dans ces questionnements posés par le poids du chagrin et au-delà de cela sur la meilleure façon de continuer à vivre. On se retrouve happé par cette tragédie familiale et l’on oscille tout au cours du roman entre les zones d’ombre et de lumière, celles qui donnent à chacun des personnages leur part d’humanité.

Il y a dans cette histoire des échos de Joyce Maynard et de Tiffany Mac Daniel. Betty et Elanor ne sont pas loin. C’est une lecture poignante dans ce qu’elle interroge de nos vies, de ce à quoi nous tenons le plus et de ce qui peut un jour sans crier gare emmener nos rêves et nos espoirs à la dérive. Et nous, que ferions-nous ? C’est là justement tout l’art de l’autrice, celui d’ouvrir de multiples portes derrière lesquelles nous questionner. Alors quand la souffrance et l’inacceptable submergent la vie, que reste-t-il, sinon l’amour indéfectible que l’on se porte et qui lie nos vies.

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