Preuschdorf – Julie Gonce souffle le verre des végétaux immortels

La mousse, l’herbe, les champignons, le printemps… La sculptrice sur verre Julie Gonce fait entrer la lumière dans la nature, entre son petit atelier à domicile à Preuschdorf et des expositions, comme actuellement à la Galerie du puits 1 (Hattenweg), de 15h à 22h jusqu’au 31 mars.

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La sculptrice Julie Gonce file du verre au chalumeau dans son atelier. / ©Sb

Des brins d’herbe d’un vert lumineux par centaines : devant son petit chalumeau, en musique, Julie Gonce est dans sa bulle, ses gestes sont sûrs et calmes. Quant à savoir combien de temps nécessite cette future œuvre de verre filé, la réponse fuse : « Moi ça me prend 25 ans, le temps que j’y travaille et réfléchis. Je ne compte pas, ce n’est pas important ». À bientôt 43 ans, celle qui a grandi au puits 6 entre un père ébéniste-marqueteur et un voisin potier-céramiste, admet tout juste « commencer à maîtriser la matière. C’est similaire à un musicien, faire nos gammes pour que les gestes rentrent dans le corps ».

Une sculpture végétale en collaboration
avec un tourneur sur bois. / ©sb

Des tiroirs aux trésors

Première femme souffleur de verre embauchée pour un CAP à la cristallerie de Saint-Louis, c’est au départ le nom du métier qui l’a fait rêver. « J’avais envie de me former aux arts du feu. Je me suis payé un stage de perles de verre et cela m’a convaincue que la technique était à ma mesure, toute seule dans l’espace de mes bras ». Avec son mari et ses deux enfants, elle achète la maison de Preuschdorf en 2005, pour transformer une remise à bois en atelier. Un grand plan de travail, des fours, des chalumeaux, une mezzanine pour stocker le verre, et le sol qui crisse d’éclats de verre pour atteindre des dizaines de tiroirs aux trésors. « Je fabrique beaucoup d’éléments que je vais assembler. La sculpture vient soit de l’élément porteur, soit du verre, un mouvement, une forme que je développe ».
Julie « coud » le verre sur du métal, du cuir, de la céramique, du bois. Elle s’est d’ailleurs associée récemment à un tourneur sur bois de Schönau. « On partage l’amour des arbres avec Roman, et quand je voyais ses pièces, j’avais juste envie de me mettre dedans. Ses supports sont plus petits que les écorces de 2 m que je ramasse, et surtout magiques, enivrants ». Travailler la nature, pour elle, c’est essayer « de rappeler l’importance du monde du vivant qui nous entoure, et je pense que c’est ce qui touche les gens, ça les reconnecte à autre chose. On fait du beau et on apporte du beau, c’est la sensation de ramener de la poésie. Si les gens sont émerveillés par mon travail, si je les remplis de bonheur, cela me nourrit ».

Les œuvres d’art de Julie Gonce, à poser ou en suspension. / ©Dr

L’info en plus

Le verre, le gaz et l’oxygène coûtent cher et les commandes n’affluent pas. « C’est très compliqué, souffle Julie Gonce. Peu de gens investissent dans les œuvres d’art. On fait rêver et ça me remplit, mais ça ne remplit pas mon assiette. »