Renault Clio E-Tech, à la recherche du temps perdu

Renault, qui a fait des véhicules électriques sa grande spécialité avec le Zoé, a pris son temps avant de se lancer dans les modèles hybrides. Le Losange rattrape à présent son retard. La Mégane, le Captur et, désormais, la Clio entrent dans la danse. Le constructeur français a de grandes ambitions pour sa citadine.

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Renault était bien seul, au début des années 2010, lorsque le Losange s’est lancé dans la technologie 100 % électrique. L’entreprise française, désormais sous la direction de l’alchimiste Luca de Meo, est parvenue à vendre 170 000 Zoé depuis 2012. Il aura toutefois fallu attendre 2020 pour découvrir ses premiers modèles hybrides. La Mégane, le Captur et maintenant la Clio mettent les doigts dans la prise. C’est tout de même plus de vingt ans après la sortie de la première Toyota Prius et huit ans après celle de la Yaris. La Clio va donc devoir cravacher pour rattraper le temps perdu.

Un pari ambitieux

Comme pour les autres modèles de la marque, la Renault Clio E-Tech fait un pari technique risqué. Le moteur atmosphérique essence de 1,6 l développant 91 ch est associé à deux blocs électriques. Rien de très original jusque-là. La véritable innovation réside dans le choix du type de boîte de vitesses. Dans la grande majorité des cas, les constructeurs misent sur un système synchronisé. Comme son nom l’indique, des petits embrayages viennent synchroniser les deux arbres pour des passages de vitesse adoucis. Le problème de ces dispositifs est, d’une part, qu’ils coûtent cher et, d’autre part, qu’ils sont lourds, rendant l’efficience de l’ensemble moins avantageuse. Pour un « petit » véhicule électrifié, chaque kilogramme compte.

L’expérience en rallye de Renault Sport a donc donné des idées aux ingénieurs du Losange. De nombreuses voitures de course utilisent en effet des transmissions à crabots. Les arbres ne sont pas synchronisés et ce sont les dents droites de la boîte qui encaissent les passages de vitesse, de fait, plus violents. C’est ce système qui permet, par exemple, de passer des rapports sans débrayer. Les avantages sont ici la légèreté, l’efficacité et le coût. Au rang des inconvénients, les à-coups sont inévitables. Les effets d’un tel choix sont directs. La Clio E-Tech s’affiche à 22 600 €, soit à peine 1 100 € de plus qu’une Clio TCe 130 EDC. Contrairement au Captur et à la Mégane, qui sont rechargeables, la Clio, hybride simple, ne peut bénéficier du bonus de 2 000 €.

Un comportement séduisant

Comme tout hybride, la Clio E-Tech démarre sur son moteur électrique. Le bloc thermique se met toutefois rapidement en marche pour servir de générateur et maintenir la batterie à un niveau de charge adapté. Après plusieurs mètres, le 1,6 l essence s’éteint de nouveau et fait des apparitions toutes les 5 ou 10 minutes selon les besoins. La citadine démarre promptement et s’élance jusqu’à 45 km/h en électrique. C’est ici une vraie différence par rapport à la concurrence où l’essence est réveillée dès 15 ou 20 km/h.

En revanche, l’âpreté de la boîte à crabots se fait sentir dans la zone 40-70 km/h. C’est particulièrement le cas lors des phases de décélération. En outre, la Clio semble répondre de manière erratique lorsqu’on écrase la pédale d’accélération. Des défauts qui sont contrebalancés par des consommations réellement bluffantes. C’est 4,5 l/100 km en ville et les routes secondaires, contre 6 l sur autoroute. À bord, aucune différence notable par rapport à une version thermique n’est à signaler. Le dernier restylage en date a fait du bien à la dotation technologique et à la qualité perçue.

Avec un agrément accru en ville par rapport à la concurrence, des consommations record et une gestion remarquable de l’énergie, cette version hybride s’avance avec de sérieux arguments.