Renée Hallez – une vieille en vie

Installée en Alsace depuis presque 40 ans, Renée Hallez profite de sa retraite pour vivre son rêve, elle enchaîne les polars régionaux à succès et vient de faire un retour dans le roman (après « Plus nul que Soyotte » en 2003), avec «Vieux Interdits». Son 13e ouvrage est publié par les Alsaciens des Éditions du Signe. C’est l’histoire d’Adèle qui comprend qu’elle doit s’affranchir de la pensée unique pour se prendre en main et vivre sa vie. L’auteure sera le 7 novembre à la Maison de la Presse de Haguenau pour rencontrer son public, de 10 à 12 heures et de 14 à 17 heures.

0
1441

Parlez-nous d’Adèle, votre personnage qui a dépassé la soixantaine.

C’est une révoltée. Moi, j’aime bien les gens révoltés, les gens qui n’acceptent pas ce qu’on leur impose, leur entourage ou les modalités de la vie. C’est aussi quelqu’un d’un peu fragile dès qu’elle entre dans l’affectif. Ses rapports avec ses filles sont durs et tristes, elle a accepté beaucoup de choses, laissé faire beaucoup de choses, comme autre fois avec son mari, elle n’est plus tout à fait elle-même. J’aime bien les gens qui ne sont ni des héros ni des lâches, qui sont des gens comme vous et moi.

Ce livre est-il inspiré de votre histoire ?

Non. Je me suis appuyée sur des connaissances. Il y en a forcément autour de nous qui ressemblent à Adèle. Bon, il y a un peu de moi aussi, dans certaines idées.

Vous dédiez ce livre à ceux qui ont envie de baisser les bras parce qu’ils se croient trop vieux…

Ce roman existe pour dire aux personnes âgées que ce n’est pas parce qu’on a un certain âge que tout est fichu, il y a toujours des choses possibles. Ce n’est pas parce que vous êtes une personne âgée que vous devez accepter tout ce que l’on vous impose. Bien entendu, il faut être en capacité de réagir, il y a des gens malades, qui n’ont pas beaucoup de force, mais ceux qui sont à peu près en bon état, il faut qu’ils bougent, et qu’ils essayent de réaliser leur rêve, car le temps qui reste est plus court que celui qui est déjà passé. Je veux dire aussi qu’un vieux est quelqu’un qui vit, qui veut vivre, et qui peut aimer, qu’il a des rêves et des tas de choses à raconter, toute une expérience qu’il peut transmettre.

Ce roman est aussi un hymne à la liberté ?

Oui, c’est pour dire que si vous avez envie de faire votre valise, faites-là. Vous n’êtes pas obligé de respecter la pensée unique qui vous dit de rester dans votre coin. Ne passez pas votre temps à gémir, parce que le temps est compté.

Vous avez écrit avant la pandémie et vous n’en parlez pas dans ce livre, mais que pensez-vous du traitement que l’on a infligé aux personnes âgées ?

On les a enfermés, c’est comme ça qu’on les tue ! Alors que sur place, tout le monde se promène avec des masques, tout le monde se lave les mains, ceux qui toussent un peu évitent de venir les embêter et reviennent plus tard ; c’est comme dans la vie de tous les jours, quand on a une grippe, on reste chez soi. En fait, on a trouvé la solution, on les a mis de côté pour avoir moins de soucis. C’est sûr qu’il ne fallait pas surcharger les hôpitaux, ça, je comprends, mais je veux dire qu’il ne faut pas condamner les gens à l’enfermement trop vite.

Que signifie Vieux Interdits ?

C’est d’abord ce que les personnes d’un certain âge ont dans la tête depuis très longtemps, ces « a priori », je suis vieux donc je ne peux pas, donc je n’ai pas le droit. Ils s’interdisent beaucoup de choses. C’est pour leur dire de faire un peu de ménage dans leur tête. C’est un livre qui est conçu en forme de sablier, le symbole du temps qui file. J’espère que les lecteurs passeront un bon moment avec Adèle.