Seuil critique

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La critique, sport national plus populaire que le foot, est indispensable et saine entre personnes civilisées. Elle fait avancer, elle provoque la remise en question et rend moins con, m’a dit ma voisine l’autre jour en éteignant son portable.

Puis, elle a ajouté qu’elle ne supportait plus le jugement gratuit et dégueulasse de certains étriqués du ciboulot sur les réseaux.

Que l’on trouve absurde et dégradante pour la France l’ouverture de la Coupe du monde de rugby, c’est une chose, tout le monde a le droit de penser ce qu’il veut. Moi j’ai adoré, et Jean Dujardin en marcel d’époque, ça valait le détour, a poursuivi ma voisine.

Que l’on trouve abjects les 10 millions versés par le Groupe LVMH aux Restos du cœur (c’est vrai qu’ils auraient pu éviter le communiqué de presse) sous prétexte que ça lui fait de la pub, que c’est une somme ridicule par rapport aux moyens de Bernard Arnault, pourquoi pas, même si c’est un peu faible côté arguments convaincants, alors que c’est une vraie bouffée d’oxygène pour les plus fragiles d’entre nous. Mais la critique devient parfois abjecte.

Et là, ma voisine s’est mise en colère.

Hier j’ai vu le post d’un type à propos des déclarations d’Emmanuelle Béart, elle a ajouté. L’actrice a fait preuve de beaucoup de courage pour parler, enfin. Elle a révélé dans un documentaire l’inceste dont elle a été victime, sans faire de tournée médiatique avec tambours et trompettes. Mais un certain F.A., comme d’autres trop nombreux, a écrit sur son mur : « Emmanuelle Béart a trouvé le sujet qu’il fallait pour faire parler d’elle. Félicitations ! » Quelle preuve de bêtise absolue et d’ignorance ! Il y a quoi dans ce genre de cerveau pour prendre le temps d’écrire ça et se permettre ces commentaires haineux ? Ces gens-là ne m’inspirent que du dégoût. En parler c’est déjà trop, tellement ils ne sont rien. La vacuité de leurs commentaires malsains est digne de la période qu’essayent de fabriquer ces petits esprits pauvres et incapables d’empathie et de bienveillance. Ils arrivent de mieux en mieux à empoisonner notre humanité. On fait comment pour que ça s’arrête ? a conclu ma voisine avant de filer à vélo à travers la ville.