Simone – Toute l’Alsace en poche d’Alain Gamba

Que d’humour ! Que d’infos contenues en ces pages ! Avec Toute l’Alsace en poche fraîchement paru, Alain Gamba a écrit le livre qu’il aurait rêvé trouver à son arrivée en Alsace il y a trente ans. Son ouvrage, imposant et important, est un concentré de connaissances et de trouvailles. « Pour garder l’Alsace dans le cœur, autant l’avoir également dans la poche et faire rayonner notre belle région », dit ce Grenoblois qui vit à Obernai et qui est devenu Alsacien de cœur et d’esprit.

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En 106 mots et un index de plus de 800 entrées qui font découvrir ou redécouvrir la richesse de l’Alsace, vous avez réuni tant d’informations et de trouvailles. Comment avez-vous procédé ?

Je voulais faire un ouvrage informatif, ludique, complet et facile à consulter.
L’abécédaire m’a semblé être la forme la mieux adaptée pour que le lecteur picore au gré de ses envies et de ses besoins d’informations. J’ai également voulu aller plus en profondeur sur certains sujets. J’ai donc dressé des listes le plus exhaustives possible: les Alsaciens champions du monde ou champions olympiques, les films tournés en Alsace, les inventions locales remarquables, les records, les étapes régionales du Tour de France… C’est un panel d’informations éparses, difficiles à rassembler et qui témoignent également de la diversité et du dynamisme régional.

Cela suffit-il à définir l’identité d’une région ?

Pour une organisation comme pour une communauté, l’identité résulte de multiples facteurs. Le premier étant l’histoire dont hérite la collectivité en question et qui l’a façonnée. “C’est l’histoire de l’Alsace qui, très souvent, justifie les Alsaciens” disait l’écrivain et peintre Robert Heitz. C’est pourquoi j’ai insisté sur ce sujet. C’est même le seul item qui soit aussi développé dans mon livre. Une histoire simplifiée, mais suffisamment étayée pour qu’on réalise son incroyable déroulé. Mais l’identité se nourrit également des héros et des bourreaux qui peuplent cette histoire, des totems et des tabous qui l’accompagnent, des malheurs survenus et des coups d’éclat engrangés, des lieux de mémoire…

Le moment est-il favorable à ce type d’ouvrage ?

Le besoin d’Alsace renaît périodiquement au gré des restructurations territoriales. La loi du 16 janvier 2015 a réduit le nombre de régions métropolitaines de 22 à 13, en fusionnant d’anciennes régions, dont l’Alsace qui a été rattachée au Grand Est sans concertation ni logique identitaire. D’où le débat toujours vivace sur cette intégration forcée et la création de la Collectivité européenne d’Alsace qui témoigne de l’attachement très fort des Alsaciens à la singularité de leur région. Au sein d’une trop grande région sans histoire commune, le risque de dilution identitaire existe, surtout pour les nouvelles générations. Dans ce contexte, il m’a paru utile de rassembler les principaux marqueurs identitaires que tout Alsacien devrait connaître et surtout transmettre. Car l’identité n’est pas innée, elle s’acquiert. Comme le dit si bien Pierre Klein, ardent défenseur de l’Alsace, c’est une histoire qu’on nous raconte et que l’on se raconte ensuite à soi-même et entre soi. C’est une construction sociale faite d’imaginaire, de représentations mentales, de croyances…

Quelle est votre légitimité à parler d’une région dont vous n’êtes pas natif ?

Je suis arrivé en Alsace en 1989, embauché par Socomec à Benfeld, une société familiale aujourd’hui centenaire, spécialisée dans la protection des installations électriques, industrielles et tertiaires. Ma mission était de structurer sa communication pour accompagner son développement. L’entreprise comptait environ 600 personnes. Je pensais y passer 4 à 5 ans. J’y suis resté plus de 30 ans… Quand j’ai quitté l’entreprise en 2021, elle était devenue un groupe international de quelque 4 000 personnes présentes sur tous les continents. Diriger la communication d’une organisation de cette taille, c’est travailler sur son identité et donner du sens aux décisions prises et aux évènements traversés. Aurais-je par déformation professionnelle reproduit un même processus avec ma région
d’adoption ?… Durant ces années, j’ai également souvent servi de guide à des proches, des amis ou des relations de passage. Au fil du temps et des questions posées, j’ai élaboré un pense-bête alphabétique, histoire de ne jamais être pris au dépourvu et d’avoir rapidement les bonnes réponses. C’est sur cette base que j’ai développé mon projet de livre, dans l’espoir que ce qui m’avait aidé puisse servir à un plus grand nombre.