Thierno A. Balde, un aller sans retour

Né en Guinée il y a 26 ans, Thierno a très tôt été opposé au système corrompu en place dans son pays. Après plusieurs passages en prison alors qu’il était mineur, il a pris la décision de quitter sa terre natale pour trouver une vie meilleure.

0
931
Thierno A. Balde. / ©Dr

En Guinée, l’instabilité politique règne depuis les années 50 : « La situation est toujours très tendue, ça ne s’est jamais arrêté », explique Thierno. « Très jeune, je me faisais facilement embarquer dans des manifestations ou divers troubles à l’ordre public », confie-t-il. Comme beaucoup d’autres citoyens guinéens de son âge, Thierno s’est retrouvé en prison : « À 15 ans, j’étais déjà considéré comme un ennemi d’État ». À un certain moment, après avoir multiplié les passages derrière les barreaux, le jeune homme savait que s’il réitérait, il ne s’en sortirait pas : « Avec ma mère, en 2013, nous avons convenu qu’il était plus sain que je quitte le pays, au moins pour un temps ».

Thierno a d’abord pris la décision de rejoindre de la famille au Mali voisin, puis de prendre la route vers le nord de l’Afrique, le Maghreb, où il y avait de « l’argent à se faire » sur les chantiers. Durant son périple, Thierno a été confronté à la violence, au vol, à l’esclavagisme et même au viol. S’en est suivi la traversée de l’Algérie, un passage par le Maroc infructueux, et en 2016 un embarquement en Libye pour l’île de Lampedusa, la porte de l’Europe.

L’Europe appelle, l’Afrique pleure : un aller sans retour, par Thierno A. Balde. / ©Dr

La traversée de l’espoir

La première tentative était une catastrophe : « Nous avons embarqué sur un bateau gonflable à 150 personnes. Il a pris l’eau très rapidement, mais nous étions déjà loin de la côte. C’était la panique à bord et j’ai eu très peur ». Sauvé par des pêcheurs et des garde-côtes au petit matin, Thierno a été pris en charge par l’Italie. Une fois sur le territoire italien, il a pu obtenir un titre de séjour et commencer une nouvelle vie :
« Après deux ans, je n’étais plus éligible aux aides, donc j’ai continué vers le nord. J’ai traversé la Suisse, l’Allemagne, puis je suis arrivé en Alsace. J’ai rejoint un ami à Paris, mais je n’aimais pas la vie là-bas, donc je suis retourné à Strasbourg, une ville à taille humaine ». Thierno s’est lancé dans la pâtisserie, a obtenu son diplôme, s’est installé dans un premier appartement et vient tout juste de se marier.

C’est pendant son voyage qu’il s’est découvert une passion pour l’écriture. En 2023, le jeune homme a publié son premier livre L’Europe appelle, l’Afrique pleure : un aller sans retour, pour informer sur la vie des migrants, ce qui les pousse à prendre la route et ce qu’ils endurent durant le voyage. L’ouvrage est disponible en librairies et sur internet.