Vera Bossiak – Une foi qui déplace les montagnes

Née en Russie au bord de la mer Noire, elle est arrivée en France à l’âge de 7 ans sans parler un mot de français. Vera Bossiak n’est pas du genre bien au chaud dans ses chaussons. Pas le genre à se laisser embarquer dans des montagnes russes. Son truc c’est l’échange entre les humains, le partage et l’aventure. A 33 ans, elle a déjà travaillé dans le luxe, la com, elle a participé à l’émission de TV The Island, elle est chroniqueuse télé et anime le blog Vera Lifestyle.

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Vera Bossiak est suivie par 12 000 abonnés sur son compte Instagram @veralifestyle
Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée en France ?

Ma mère a rencontré celui qui allait devenir mon beau-père au Japon. Elle était mannequin professionnelle, elle représentait la Russie, et lui était coiffeur, champion du monde de coiffure et Meilleur Ouvrier de France. Elle a refait sa vie, j’ai grandi en Alsace, j’ai eu des frères et sœurs, mais j’ai beaucoup bougé. J’ai vécu à Dubaï, et un petit mois au Panama pour l’émission de télé The Island.

Vous avez commencé vos études par le commerce ?

Oui, une école de commerce, un parcours classique, je voulais faire du marketing du luxe, sauf que je n’ai pas aimé, ce milieu ne collait pas à ma personnalité. En travaillant chez Hermès, je me suis dit que ce n’était pas mon truc et j’ai atterri chez Publicis à Strasbourg, c’était au début du digital, donc assez excitant. J’ai fait mes armes dans la pub, la communication. J’aimais réunir des créatifs. Et c’est ce que je fais aujourd’hui, c’est-à-dire la mise en valeur des métiers, des talents. C’est ce que j’ai fait sur Alsace 20 pendant plus de 5 ans et avec mon blog que j’ai lancé en 2012.

C’était au début des blogs !

Oui, lorsque je disais que j’étais blogueuse mode, on me regardait d’un air étonné. C’est une passion. J’aime faire des photos, aller sur les Fashion Weeks, décrypter les tendances, j’aime savoir comment faire pour adapter à la rue ce qui était sur le podium. Et puis, je me suis diversifiée, les blogs ont évolué, il y a maintenant les réseaux sociaux, Instagram, Facebook, cela a ouvert le champ des possibles. Je me retrouve dans cette nouvelle façon de communiquer et de créer des contenus.

Vous êtes une influenceuse ?

Ce n’est pas tout à fait le bon terme pour moi. Je suis encore de cette génération où nos parents nous disaient «ne te fais pas influencer», ce n’est pas bien, voilà. Mais forcément je sais qu’il y a un impact…

… Je voulais dire : êtes-vous rémunérée en tant qu’influenceuse sur les réseaux sociaux ?

Oui, mais je le fais à ma façon. Le terme ne me plaît pas, mais dans les faits oui. Mais je ne fais pas que des publications rémunérées pour mes 12 200 abonnés sur Instagram.

C’est satisfaisant 12 200 ?

Je fais partie des « micros », des petits influenceurs, mais il vaut mieux être plus petit avec beaucoup d’impact que grand avec un impact moyen. On ne mesure pas tout avec des statistiques.

 

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J’ai le sentiment que vous êtes entre deux territoires, entre la com et l’artistique ?

On n’a pas besoin d’être dans des cases. Quand j’étais petite, j’aimais le football, je faisais de la danse classique, mais j’avais très envie de jouer au foot. À la cantine, j’étais toujours celle qui allait jouer au foot après le déjeuner. Ma mère ne voulait absolument pas, elle a tout fait pour me dégoûter, elle me disait que j’allais jouer dans le froid, sous la pluie, que j’allais me blesser, avoir mal, mais j’ai été licenciée au Mars Bischheim et j’ai adoré.

Le sport est important de votre vie ?

Oui, mais je n’aimais pas trop la compétition. Dès que j’arrivais à un bon niveau, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour et je passais à autre chose. J’aime bien les sports extrêmes, l’escalade, j’ai fait du parapente, et j’ai prévu cette année un saut en parachute, j’aime les nouvelles expériences, les sports de glisse, le ski, j’ai passé ma carte verte au golf… C’est vrai que le sport fait partie de ma vie.

Un mot de votre expérience à la télévision, vous avez passé cinq ans sur Alsace 20, mais l’aventure s’arrête puisque la chaîne a été rachetée par BFM. Qu’est-ce qu’il vous reste de cette expérience ?

Le rédacteur en chef Lionel Augier m’avait interrogée après mon aventure dans The Island sur M6, il m’a proposé de faire une émission autour de la mode. C’était hyper bienveillant. L’intérêt d’une « petite télé régionale » est la proximité, la convivialité. Au collège, j’avais plein de rêves : je voulais devenir architecte, pilote de ligne et journaliste. J’ai toujours adoré ça ; pour mes exposés, je prenais la vieille caméra de mon père, je faisais mes petits montages et je racontais la misère humaine dans mes films. Cette expérience sur Alsace 20 a été formidable, j’ai connu l’adrénaline du direct et cela me manque déjà.

Quels rapports entretenez-vous avec votre image ?

De bons rapports. J’ai fait des photos, de la télé, tout cela peut paraître superficiel. C’est quelque chose que j’ai souvent subi d’ailleurs. Dans la pub, les gens ne font pas de cadeau, on m’a déjà dit que je pourrais m’enlaidir pour avoir l’air intelligente, on m’a dit des trucs cruels. Les gens aiment bien mettre les autres dans des cases, ça les rassure.

 

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Qu’est-ce qui vous fait rêver ?

Les voyages, les rencontres. La force de la multiculturalité. Je rêve d’un monde avec plus de cohésion sociale, je pense que le mélange des cultures apporte énormément de choses. J’ai beaucoup voyagé, j’ai vu que ça pouvait fonctionner, même dans des pays où l’on pense que la vie est plus dangereuse qu’ici. Il suffit de s’intéresser un peu à son voisin pour trouver un réel enrichissement.

Justement, à propos de voisins, d’échanges et de partages, vous devez être totalement catastrophée de la situation en Ukraine ?

Oh oui, c’est angoissant. Je suis née en Russie et j’ai du sang ukrainien, le nom Bossiak est ukrainien. On n’aurait jamais pu imaginer une guerre. Elle nous renvoie à nos cours d’histoire et à la Deuxième Guerre mondiale. Ça fait peur. Elle aurait pu être évitée, elle se profile depuis quelques temps déjà. Le peuple russe n’est pas favorable à la guerre, les mamans russes ne vont pas encourager leurs enfants à aller se faire tuer. Aujourd’hui, il y a des gens qui meurent au combat pour la liberté, cela n’a pas de sens, cela ne devrait plus arriver, c’est aussi absurde que de mourir de faim, c’est intolérable. Que se passera-t-il ensuite ? Quel sera l’avenir pour ces deux nations, et pour le monde aussi ? Quelles seront les répercussions ? On sent déjà qu’il existe un amalgame entre Poutine et le peuple russe, de la même manière qu’après les attentats avec les musulmans. Et puis, comment les Ukrainiens peuvent-ils encore dire qu’ils sont frères avec les Russes alors que leur famille est en train de se faire tuer ? Pourtant, il y a tellement de mixité, on est tous Ukrainiens, on est tous Russes.