vendredi 22 novembre 2024
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L’association Autocars anciens de France, un nouveau départ ?

Créée en 2007, l’association Autocars anciens de France compte des trésors garés dans cette ancienne usine à Altenstadt, à côté de Wissembourg. Un lieu unique en France et rempli de nostalgie où l’on découvre des véhicules qui font partie de notre patrimoine industriel de l’histoire des transports. Ici, on retrouve ses yeux d’enfants et l’on a l’impression d’être figurant dans un vieux film. Rencontre avec les membres de l’association et Jean Montanaro, le secrétaire général.

Quelle est l’idée maîtresse de l’association ?

Le transport. L’idée est d’expliquer l’histoire du transport. On démarre au milieu du XIXe siècle. Nous avons des pièces d’origine, un véhicule russe (on ne sait pas trop comment il est arrivé là), on a même fait de l’agricole avec une moissonneuse-batteuse qui était dans le Kochersberg qui fonctionne encore parfaitement bien. Nous avons vraiment des pièces exceptionnelles, comme des remorques à passagers qui étaient tirées par un car, comme des Saurer, des Berliet, des véhicules où l’on triait le courrier, de gendarmerie, de l’armée, etc. Nous avons ici l’un des premiers véhicules que Citroën a mis sur la route pour faire du transport en commun. Lors des visites guidées que nous organisons, j’explique que Citroën a démocratisé les lignes de transport d’autocars. Je raconte aussi qu’aujourd’hui aucun constructeur français ne fabrique d’autocars, c’est terminé depuis 2002.

Personnellement, pourquoi faites-vous tout cela ?

C’est assez simple, j’avais un père chauffeur de car. J’ai baigné là-dedans toute ma jeunesse, j’ai fait toutes les conneries possibles dans des modèles qui se trouvent encore ici, alors j’ai toujours de l’émotion lorsque je les conduis. J’ai même voulu en faire mon métier, mais on m’a fait faire des études d’électricien, de plombier… Aujourd’hui j’ai une entreprise de sanitaire. Un jour j’ai rencontré cette association. Depuis, je jongle avec les deux. L’association c’est presque comme un deuxième métier.

Un véhicule Saurer destiné au transport scolaire, complètement restauré par l’association des Autocars de France. / ©EG

Vous manquez de moyens pour aller plus loin ?

Oui, les moyens, ce sont seulement les nôtres. Pour certains véhicules à refaire entièrement, il faut plusieurs dizaines de milliers d’euros et puis, vous voyez bien que tout cela manque d’éclairage, les véhicules ne sont pas encore assez mis en valeur, mais tout cela peut venir, si nous trouvons plus de financements et assez de bénévoles. Notre association compte 400 membres en France, en Belgique, au Luxembourg, elle ne vit que par les bénévoles. Le samedi, nous sommes entre 15 et 20, et c’est le plus important. Il n’y a pas une personne au-dessus de tout, nous sommes une équipe de passionnés, mais il ne faut pas se voiler la face, nos membres sont quand même des personnes assez âgées, on a du mal à recruter des bénévoles plus jeunes. J’ai 55 ans, et je fais partie des plus jeunes.

Les décideurs, les politiques de la région s’intéressent-ils à vous ? Pourquoi cet endroit ne serait pas transformé en musée, comme par exemple le musée de l’Automobile à Mulhouse ?

C’est le chat qui se mord la queue. Pour être considéré comme un musée, il faut certains paramètres que nous n’avons pas. Une fois que vous êtes Musée de France, l’argent tombe. Mais tant que vous n’êtes pas, vous n’avez aucune aide. Pourtant, pour devenir un musée, il faut beaucoup d’argent. Honnêtement, les décideurs viennent quand on les appelle, mais cela s’arrête là.

Pourtant, cet endroit peut très bien devenir une très belle attraction pour le territoire, non ?

Nous n’arrêtons pas de le dire. On a vraiment l’impression que personne ne s’intéresse à cette histoire, à l’histoire des transports, ou alors très peu, alors qu’effectivement, si l’on arrive à faire venir du monde, on alimente les restaurateurs, les hôteliers de la région. On se bat pour que cela change.

Pour faire exactement ce que vous avez envie de faire ici, il vous faut combien ?

Honnêtement, si on me dit, c’est la fête, fais ce que tu as envie de faire, je refais tout le bâtiment, j’agrandis, je fais un restaurant, un karting électrique, des postes de simulation de conduite, un endroit où les gens viennent passer du bon temps le week-end, il nous faut quatre ans et 20 millions d’euros. Si, malgré tout, on me disait que tout cela était terminé, que je ne mettrai plus les pieds ici, je serais très malheureux.
Plus d’infos : www.autocarsanciensdefrance.fr


Le chiffre : 14 000

Le nombre de mètres carrés de cette ancienne usine Wimetal, l’équipementier automobile spécialisé dans les composants de systèmes d’échappement qui s’est arrêté dans les années 2000. Ici, les 170 véhicules de l’association (camions, bus, autocars, calèches, voitures…) sont rassemblés.

L’info en plus

Jean Montanaro est un puits de connaissances. Lors des visites guidées, il raconte des anecdotes comme celle liée à ce corbillard de la collection Philippe Charbonneau, un designer qui modernisait les véhicules. À sa mort, sa famille décide de l’utiliser pour emmener le corps jusqu’à sa dernière demeure, mais il tombe en panne et l’on est obligé de le pousser pour arriver au cimetière.

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