Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie, tout ça, tout ça. Donnez-moi envie de regarder du sport ! Doucement mais sûrement la télévision est en train de tuer le sport en ce qu’il a de plus essentiel : l’émotion de l’instant.
On l’a déjà dit, mais le sport professionnel étant devenu une industrie à part entière, il a fallu légiférer, réglementer, adjoindre des moyens techniques supplémentaires pour
« préserver l’équité du sport », pour assurer qu’il n’y aura pas d’erreur qui pourrait compromettre le futur de tel ou tel club.
Et on a appelé ça « Hawk Eye » – œil de faucon – ou encore « VAR » – assistance vidéo aux arbitres en français. Résultat ? Le tennisman pas sûr de l’annonce. Hop, challenge. Hop elle est faute – ou bonne. Hop on passe à autre chose. Il est où le McEnroe des temps modernes qui s’embrouille avec tout Wimbledon parce que « ça va trop vite pour l’œil de l’arbitre » ?
L’éternité de l’instant
Dans le football, c’est la cata. On est toujours dans le doute ! Un but à la 92e minute ? Ouais… Attends… Y’aurait pas une petite poussette dans le dos au départ de l’action à 80 mètres du but, avant que le ballon passe par six joueurs différents ? Et ce fameux doigt sur l’oreillette… Raaaaaa !!! Tout ça pour continuer à se tromper !
Et puis je vais vous dire, quitte à utiliser la vidéo, autant l’utiliser complètement. Un corner oublié, dans le foot d’aujourd’hui, c’est une arme en moins. Et ça peut changer le cours d’un match. Alors quoi ?
En basket, le fameux buzzer-beater qui fait entrer la salle dans la folie la plus totale, ou qui la plonge dans le grand frigo… Ah… Attendez… Le ballon avait quitté la main un demi-dixième de seconde trop tard on dirait… Vérifions ça… Ok c’est bon ! Ouais !
Et puis c’est comme ces histoires de replay. Alors moi, jamais de la vie je vais regarder un match en replay ! Même si je me suis tenu éloigné de tout smartphone, de toute notif’, de tout contact extérieur – ce qui en soi est déjà un exploit. Pourquoi ? Mais parce que, quand je regarde en direct et que je gueule sur le mec, oui, il y a un impact. Si je lui dis « mais donne-la !!! », bien sûr qu’il va la donner. En tout cas j’ai envie d’y croire. Alors qu’en différé, je n’ai plus aucune prise sur les événements. Le sport, c’est le direct, c’est l’instant T, l’heure H, la minute M, la seconde S. Pas avant, pas après. Fichez-nous la paix avec votre sport aseptisé, laissez-nous nos erreurs, qu’on puisse pester toute la semaine. Et vivre nos émotions.