samedi 23 novembre 2024
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On Ruffet le match #42 Combien tu paries ?

C’est désormais dans toutes les conversations, même sans parler de parieurs professionnels. Le Racing mène 1-0 ? « Allez un petit but encore, j’ai parié 2-0 ! » Mais à 2-0, il ne faut surtout plus que son club chéri marque un nouveau but ! Et s’il perd 2-1 ? Un autre prend le relais : « J’avais juste mis les deux équipes marquent, mon combiné passe ! »

Parfois, ça parle tennis. Le jeu, les joueurs, les fantasques… « Paire, il m’a déjà fait perdre trop d’argent, lui, laisse tomber ! » On a aussi une variante : « Pfff Monfils, tu sais jamais avec lui, il m’a fait perdre 500 balles… » Et les exemples sont nombreux. Le spectre, le mythe de l’argent facile s’est répandu comme une traînée de poudre, et si l’assistance vidéo (dans tous les sports) a commencé à tuer l’émotion et la spontanéité, les paris sportifs ont vite pris le relais. Alors oui, je ne vais pas mentir, pas ici, pas maintenant, pas après tout ce que j’ai dit : j’ai aussi un compte chez l’un des grands acteurs du secteur, mais c’est pour le fun, 1€ par ci, 2€ par là. J’ai mis 50€ dessus il y a cinq ans, mon compte oscille entre 32 et 63€. Et jamais de la vie je ne parierai sur un club ou un sportif que je soutiens vraiment, que j’aime. Je ne veux surtout pas être pollué par cette arrière-pensée qui consisterait à dire, zut, il gagne plus facilement que ce que j’avais prévu. Et s’il gagne, je perds ? Ah non !

L’argent appelle l’argent

On en est à critiquer – à juste titre selon moi – ces footballeurs qui ne jurent que par ce qui brille encore plus fort plutôt que par leurs rêves (alors que ça va, hein, les salaires, c’est déjà pas mal), mais nous sommes aussi tous un peu responsables de cette valeur argent qui pourrit le sport jusqu’à la moelle. Si l’automobiliste est une traditionnelle vache à lait, que dire du supporter en 2023 ? La bière à 7€, le maillot à 120€, l’abonnement + + + pour voir les matchs à la télé, et pour se refaire, vas-y que je pose 50 balles sur la victoire de Reims contre Montpellier. Et bien sûr ce jour-là, ça fera 1 partout.

Le plus triste dans tout cela, c’est que l’argent appelle l’argent, voire l’or. Toujours plus à gagner, toujours plus de « spectacle ».
Que l’on paye toujours plus cher. Avec ce goût amer dans la bouche qui me fait dire qu’aujourd’hui, il n’y a plus qu’un seul perdant : celui qui aime le sport, dans sa beauté et son incertitude.

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