Alsace – Depuis dix ans, ils ont le droit de se marier

Ils s’aiment, elles s’aiment et pourtant, jusqu’au 17 mai 2013, ces amoureux ne pouvaient pas se marier. À l’occasion des dix ans de la loi du mariage pour tous, Maxi Flash a échangé avec deux couples d’Alsaciens qui se sont dit oui.

0
1098
A gauche, Éric et Cédric, le jour de leur mariage. A droite, Joaquim et Florian après quelques années de mariage. / ©DR

Ce qui peut sembler être une évidence aujourd’hui ne l’a pas toujours été. Il suffit de revenir quelques années en arrière pour se souvenir des virulentes manifestations contre la loi qui consacrait l’amour et non des histoires de retraite à grands coups de 49.3. « D’habitude les gens manifestent pour défendre leurs droits, là ils manifestaient pour que d’autres gens n’aient pas le droit, j’ai trouvé ça déplorable », raconte Éric, marié à Cédric depuis le 5 juillet 2014.

« À l’époque, on ne pensait pas au mariage puisque de toute façon on ne pouvait pas. Mais quand la loi du mariage pour tous est sortie, ça m’a titillé. Nous aussi on voulait faire comme tout le monde, notre fête, notre voyage de noces… », explique Cédric. « On était déjà pacsés, mais à l’époque ça se passait au tribunal et la nana qui s’en était chargée pour nous n’était vraiment pas sympathique. Renouveler une carte d’identité aurait été plus joyeux, alors heureusement que nous avons pu nous marier », ajoute Éric.

Une crainte qui ne devrait pas exister

Joaquim et Florian, eux, se sont rencontrés en 2012, un coup de foudre au restaurant, mais ils ne se sont mariés qu’en 2017 : « Pourtant, on aurait pu le faire avant, mais j’avais peur de subir les préjugés qu’il peut y avoir quand deux hommes se marient. De toute façon on partait du principe qu’on n’avait pas besoin d’être mariés pour être heureux… Et puis ma maman est tombée malade et je voulais qu’elle soit là pour ce jour si important, elle m’a fait dépasser mon angoisse », confie Joaquim. Originaire de Wittisheim, il appréhendait la visite à la mairie, mais l’adjointe s’est fait un plaisir de les marier : « C’était le premier mariage gay du village, je craignais le regard des gens, comme il s’agit d’un petit village, mais j’ai grandi là, mon homosexualité n’était plus un secret, alors j’ai relativisé et profité ! »

Dans le cadre de cet article, d’autres couples homosexuels ont été contactés par notre rédaction, mais beaucoup semblaient frileux à l’idée de s’exprimer sur le sujet. « Au travail, j’entends encore des remarques et sous-entendus à propos des gays, les mentalités n’ont pas encore toutes changé, mais ça finira bien par arriver », conclut Joaquim.