Nicolas Rieffel – « Tout ce qui était beau est encore plus beau »

Nicolas Rieffel est né à Niedernai en 1980. Cuisinier autodidacte et sommelier, il a participé avec succès à l’émission Masterchef en 2010. Il est devenu présentateur télé, sur BFM Alsace notamment et parrain de la journée mondiale de l’Alsace. Cette année encore, l’Agitateur Gastronomique et amoureux fou de sa région est très impliqué, il est l’ambassadeur de l’Alsace Fan Day du 24 juin.

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©DR
Vous semblez très heureux d’être très impliqué dans l’Alsace Fan Day !

Oui, c’est touchant pour moi, je suis profondément alsacien, pas uniquement dans l’âme, mais aussi dans le sang et pour tout ce qui m’habite chaque jour et chaque seconde que je vis sur cette terre. Ma défunte maman disait que, dès que j’ai su parler j’ai dit que je venais d’Alsace. Cela représente bien ce que je suis, et ce que l’Alsace représente pour moi. Je voyage beaucoup, quand j’arrive à l’étranger, l’Alsace me manque. Ce n’est pas le mal du pays, mais c’est vraiment le mal de la maison, j’ai le Heimweh. C’est vraiment quelque chose de très fort. Aujourd’hui, je vis dans la maison de ma grand-mère, la maison familiale où ma maman a grandi, où j’ai passé toute mon enfance. À chaque fois que je reviens dans mon village de Mittelbergheim, peu importe le jour ou l’heure, lorsque j’ai cette vue devant moi en sortant de l’autoroute, avec la route des vins et le château d’Andlau au-dessus, je me dis « putain, je vis là, quoi », c’est le plus bel endroit de la terre et, quand je le quitte, j’ai toujours ce Heimweh qui me prend, même là quand j’en parle j’ai des frissons. Même si j’adore mon boulot, que j’aime voyager, je veux rentrer.

L’Agitateur Gastronomique en action. / ©DR
Comment vous l’expliquez, parce que c’est peut-être un peu excessif, dans le bon sens du terme, mais excessif quand même ?

Je pense que je suis vraiment amoureux de l’Alsace, et je suis tellement fier de ce que nous sommes, de notre terroir, de notre histoire, de nos traditions, je suis animé pour porter tout ça. Parfois ça saoule les gens des productions avec lesquelles je travaille, ils en ont marre que je leur parle de l’Alsace, que je ramène tout à l’Alsace, mais je leur dis que c’est un fait, la Statue de la Liberté, le cours Florent, etc., finalement on trouvera toujours de l’Alsace quelque part, et ça j’en suis fier.

Pensez-vous que l’Alsace vous le rend bien cet amour ?

Je pense que oui. Peu importe où je suis, dans les discussions que je peux avoir, ce qui me conforte c’est lorsque l’on me dit que je représente bien l’Alsace, ça me touche, ça fait toujours du bien et ça m’encourage à continuer dans ce sens-là. Je transmets ces valeurs à mon fils Oscar. D’ailleurs, quand il a appris à compter, quand il est arrivé jusqu’à 20, il a dit vingt en prononçant le t à la fin, ça, c’est un truc incroyable pour moi, il a prononcé ce nombre à l’alsacienne. Quand je raconte ça, ça fait marrer tout le monde, mais je dis que c’est ça l’Alsace, le vin est tellement ancré qu’on ne lui donnera pas le chiffre 20, on dira vingt avec le t à la fin (rire).

Je vous posais la question, parce que vous avez eu un Bretzel d’or, que vous êtes régulièrement classé dans les Alsaciens préférés des lecteurs de Maxi Flash, et que cette année encore, pour la sixième édition, l’Alsace Fan Day a fait appel à vous !

Je suis devenu ambassadeur, l’un des moteurs de l’Alsace Fan Day, je voyage, la semaine prochaine je rencontrerai le Prince Albert de Monaco pour parler de l’Alsace, je suis disponible à fond. J’étais en Norvège ou au Québec. Là-bas, le patron d’une boîte m’a même dit que ses meilleurs éléments étaient des Alsaciens, j’étais fier de ouf lorsqu’il a ajouté que les Alsaciens travaillent bien, qu’ils sont carrés, jamais en arrêt maladie. Ces Alsaciens du bout du monde sont fiers d’être Alsaciens. Lorsqu’ils se retrouvent, qu’ils partagent un repas, qu’ils font un kouglof, il y a toujours la recette écrite par la maman ou la grand-mère sur un petit papier.

L’Agitateur Gastronomique en action. / ©DR
Ce qui est frappant, c’est que vous n’avez pas du tout l’accent alsacien !

Je l’avais avant, l’accent du village, mais j’ai vécu cinq ans en Corse et cela me l’a effacé, même s’il n’est jamais très loin, et que lorsque je passe une semaine entière, ici, il revient. C’est ce qui a été ma chance, lorsque j’ai fait Masterchef sur TF1, j’avais 30 ans, et pas d’accent. Ça leur a plu tout de suite. Aujourd’hui, je peux travailler partout en France.

Vous faites beaucoup de choses, mais pouvez-vous nous dire exactement de quoi est remplie votre vie professionnelle ?

Un jour, la journaliste alsacienne Caroline Levy m’a interviewé et en discutant elle m’a dit « tu fais tellement de choses », et c’est vrai que j’avais une ligne de vêtements professionnels, je faisais de la télé sur Alsace 20, des piges pour TV5 Monde ou France télévision, j’étais déjà très présent sur les réseaux sociaux, elle m’a regardé et elle m’a dit que j’étais un agitateur de la gastronomie. Son idée était super géniale, parce que c’était ça mon job, j’agitais vraiment ce monde à ma façon. Je suis devenu un vrai Facebookien, un créateur de contenu, pour moi où pour des marques, le plus souvent dans la gastronomie.

La famille est la pierre angulaire de votre vie ? Cette famille que vous avez construite aussi ?

Dans ma famille, on était cinq, une famille extrêmement alsacienne qui se voyait tout le temps, on était toujours ensemble. En 2011, on a perdu mon frère, deux mois avant, on a appris le cancer de maman, on l’a perdu en 2017, et là, tu te dis « c’est dur en fait, c’est super dur la vie », même si chaque jour je la trouve belle, belle pour de vrai ; il faut se lever le matin pour faire en sorte que ce soit absolument beau. Ayant grandi dans cette protection familiale, même si maman nous élevait plutôt seule avec aussi ma grand-mère, parce que papa était toujours au boulot, elles m’ont appris pourquoi la famille est importante, pourquoi il est important de transmettre en donnant un maximum d’amour. C’est ce que j’ai compris avec l’arrivée de mon fils il y a trois ans et demi. Tout ce qui était beau est encore plus beau. Et de ça, avec mon épouse, on se nourrit au quotidien. Maintenant, c’est ma famille, et on fait tout pour être heureux au maximum, pour s’en donner les moyens et avancer. Même si ce n’est pas toujours évident, je me nourris de cet amour comme un cannibale tous les jours.

Je sais que vous avez envie d’être romancier, que vous écrivez, c’est une ambition secrète ?

En fait, depuis tout petit, j’écris. J’ai toujours eu envie d’écrire et sur les réseaux sociaux, je prends mon temps d’écrire des textes sur mes ressentis. Mais un roman c’est un rêve, que je suis en train de réaliser.