Alsace – Les jeunes agriculteurs affichent leurs loisirs

Pour faire fi des idées reçues et recruter la nouvelle génération : une campagne de communication autour des métiers de l’agriculture est actuellement visible dans les villes du Grand Est. Intitulée « Agriculteur, mais pas que… », on y voit entre autres Franck, agriculteur à Kurtzenhouse, une partition de piano à la main.

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La campagne d’affichage dans les principales villes du Grand Est. / ©Dr

La journée a commencé à 7h30 par des semis de blé, puis il a préparé la moissonneuse-batteuse pour la récolte de maïs, pris une petite pause à midi et finira sans doute vers 20h. « Sur ce point-là, c’est un métier comme un autre, avec des journées où le travail est prioritaire » : à 28 ans, Franck Moser exerce sur l’exploitation familiale de Kurtzenhouse depuis un an. Il relativise : « Contrairement à un salarié, j’ai peut-être un peu plus d’heures de travail, mais elles sont réparties autrement, ce qui me laisse le temps de sortir et pratiquer mes loisirs, le week-end et même en semaine ».

Alors, quand on lui a proposé de poser pour l’affiche « Agriculteur, mais pas que… », entre ses céréales et son piano, il a bien sûr dit oui. Lui qui écoute de « la musique, rock rap métal électro, à fond dans le tracteur, il ne faut pas me croiser ! », pratique aussi le piano depuis ses 10 ans. « Je joue Clair de lune de Debussy, c’est un des derniers morceaux que j’ai appris, ou Erik Satie ». S’il estime s’être décidé sur le tard à 14 ans en accompagnant son père aux champs, les chiffres il les connaît: « Dans les dix prochaines années, 50% des agriculteurs seront en âge de partir à la retraite. Pour garder notre modèle agricole familial français, il faut attirer les jeunes et montrer qu’on peut faire des trucs cools à côté ».

Six affiches déclinent le métier et la passion des Jeunes agriculteurs du Grand Est. / ©Dr

« Comme n’importe quel chef d’entreprise »

D’autres sont « éleveur porcin et rugbyman », « arboriculteur et cycliste » ou encore « maraîchère et fan de BD ». Les Jeunes agriculteurs (JA) ont voulu casser « les idées reçues », selon Laura Lang, chargée de communication du syndicat JA67 à Schiltigheim. « Notre mission principale est de redynamiser l’image d’un métier qui peut avoir l’air vieillissant. Trop chronophage, pas de vacances ni de loisirs, etc. Mais cela prend du temps comme n’importe quel chef d’entreprise ! » Elle cite les aides dédiées à l’installation, les associations entre JA pour dégager du temps, et leur « investissement dans le réseau, leur commune ou encore comme pompiers volontaires », preuve qu’ils « ont à cœur de profiter de leur vie et leur jeunesse ».