Anne Schmitt : « J’ai l’impression d’avoir gagné un Oscar »

Il y a deux mois, elle était l’invitée de la semaine de Maxi Flash et pas un instant nous n’avions imaginé la retrouver en tête du classement des personnalités préférées des Alsaciens du Nord. Pourtant, son parcours a touché au cœur les lecteurs et la rédaction de Maxi Flash. 5 ans après un premier diagnostic, le cancer ne la laisse pas en paix. Malgré la maladie, soutenue par sa famille, elle a ouvert au 57 Grand-rue à Haguenau un lieu dédié à celles qui se battent, comme elle. En 2021, cette Femme en rose a été la marraine de La Haguenovienne. Elle est la personnalité N°1 de l’année, devant Miss Alsace et Marc Keller (classement complet page 6). On lui a passé un coup de fil pour lui annoncer la nouvelle et le lendemain nous l’avons rappelée pour cet entretien.

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Anne Schmitt et son trophée / ©Documents remis
Lorsque vous avez appris que vous étiez élue Alsacienne de l’année, qu’avez-vous
ressenti ?

J’étais, et je suis toujours extrêmement heureuse. Hier, les bonnes nouvelles se sont enchaînées. Je suis aussi très surprise, car, les personnalités de ce classement sont beaucoup plus connues que moi, célèbres même, mais je me dis que c’est une belle récompense. Une belle reconnaissance de mon parcours et de ce que j’ai réussi à construire pendant ma maladie. J’étais très émue. Comme mon mari. Je lui ai dit que j’avais l’impression d’avoir gagné un Oscar. J’en connais un autre qui va être extrêmement heureux quand il va découvrir que j’ai gagné, c’est mon fils ; chaque jour il me demande si j’ai les résultats. J’imagine déjà sa joie, car je ne dirai rien avant la publication de Maxi Flash.

Vous parlez de bonnes nouvelles qui se sont enchaînées, quelles sont les autres ?

Juste avant Noël, on avait appris que, suite à l’opération du mois d’octobre pour enlever des tumeurs dans l’ovaire, il y avait aussi des métastases. C’était encore une mauvaise surprise, on ne s’y attendait pas. J’ai dû programmer un Pet scan, c’est encore plus précis qu’un scanner ou qu’une I.R.M. pour savoir si le cancer se répand. C’était un gros stress pendant la période de Noël. J’ai passé cet examen et la bonne nouvelle c’est que les cellules cancéreuses ne se sont pas propagées. C’est un soulagement. Je prends le positif, même si je sais que je ne suis pas totalement sortie d’affaire et qu’il faudra vivre toute ma vie sous haute surveillance, car il s’agit de cellules qui se propagent très rapidement malgré les traitements. C’est comme une maladie chronique. J’attends encore les résultats d’une autre analyse pour trouver le bon traitement, peut-être sous forme de comprimés ou comme depuis plusieurs années avec l’immunothérapie.

Cette nouvelle positive, vous la partagez en priorité avec votre famille !

Oui. Avec mon fils et mon mari chez qui j’ai découvert une force que je ne pouvais pas imaginer, ils sont toujours près de moi. Ils m’accompagnent dans tout ce que je fais, c’est ma source de motivation pour me battre. J’ai aussi mes amis et toutes les filles qui viennent dans ma boutique, c’est une magnifique récompense, toutes ces rencontres que je fais, elles me donnent du courage quand elles me disent « Ne lâche rien tu n’es pas toute seule ».

Cette année, il y a eu votre combat contre la maladie, cette boutique et la Haguenovienne. Revenons sur votre titre, vous êtes en tête du classement parce que, je le crois, vous avez ému les gens !

Pour moi ce titre a beaucoup de valeur. Justement, si j’ai ému les gens j’ai encore plus envie de continuer, de me battre pour toutes ces personnes, les femmes et les hommes qui luttent contre la maladie. En 2022, je continuerai à le faire. De nombreuses personnes m’appellent ou viennent à la boutique parce que j’ai été la marraine de la Haguenovienne, on me demande des conseils, je passe parfois plus d’une heure au téléphone avec des femmes qui viennent d’apprendre leur maladie, qui sont perdues, comme est perdu leur entourage. Elles ont besoin d’être guidées et je suis passée par là, NOUS sommes passés par là avec mon mari. Cette course, la Haguenovienne, m’a permis de me faire connaître et m’a ouvert beaucoup de portes ; les articles dans Maxi Flash ou dans les DNA, le reportage sur France 3 Alsace ont été importants pour ce titre.

Vous l’emportez devant Miss Alsace, Marc Keller, Jean-Luc Hoffmann. C’est dingue ?

Effectivement. Quand je vois ce que fait Jean-Luc Hoffmann pour l’Alsace, quand je vois Marc Keller le président du Racing Club de Strasbourg ou Miss Alsace que j’ai beaucoup suivie sur les réseaux sociaux après sa 3e place à l’élection de Miss France, ou encore Robin Léon qui est très connu dans la région, c’était une belle surprise, je n’y croyais pas du tout.

Anne Schmitt avec Hervé Floriot, Directeur Général de Maxi Flash / ©DR
À votre avis, qu’est-ce que cela dit de la période que nous vivons ?

Avec la crise sanitaire, les médias ont tendance à oublier le cancer, il faut le dire. Alors ceux qui ont voté pour moi ont certainement été sensibles à la cause. Je crois aussi que l’on a besoin de sincérité. Ce que je fais, je le fais avec mon cœur. Comme Marc Keller, je crois. Je suis très admirative de son engagement, comme celui de son épouse Sabryna Keller avec son association Femmes de foot. Ce n’est pas un hasard si nous sommes dans le trio de tête. Pour vous répondre, je pense à la question que mon fils m’a posée il n’y a pas longtemps, il m’a demandé : « Maman, si tu n’avais pas été malade, serais-tu aussi célèbre ? » Je lui ai répondu que ce n’était pas forcément grâce à la maladie en elle-même, mais que mon engagement a touché certainement les gens.

Lors de notre précédente interview, il y a quelques semaines, vous disiez que tout ce que vous avez fait vous a donné beaucoup de force. Ce titre de personnalité préférée de l’année va-t-il vous donner encore plus de force ?

Ah oui, encore plus de force c’est certain. J’ai envie de le dédier à mon mari qui est toujours à mes côtés et qui m’accompagne dans tous les moments, les beaux comme les moins beaux, les faciles comme les difficiles. Il est toujours positif, il m’a dit bien sûr que ça va être dur, mais on va le faire, on va y arriver, on va vivre avec la maladie. À un moment donné, j’ai eu envie de baisser les bras, je ne comprenais pas, je me demandais pourquoi on s’acharnait sur moi comme ça, c’est lui qui m’a permis de me relever. Maintenant il me dit que nous avons surmonté beaucoup de choses et que nous y arriverons encore. Je n’oublie pas le soutien de mon fils, de ma belle-mère, et de toutes ces femmes qui m’ont envoyé des messages pour me dire « Ne t’inquiète pas, on est là avec toi », toutes ces personnes que j’ai rencontrées dans les ateliers que j’organise et qui me disent « Tu vois, tu organises des choses pour nous, tu nous aides à surmonter la maladie, aujourd’hui nous sommes là pour toi ». Ce trophée est le leur, il me permettra de faire encore plus de belles choses, il me motive encore plus. Je poursuivrai ce combat, chaque jour.