Par tradition, en l’honneur de l’arrivée de Friedel, un cerisier est mis en terre, non loin de celui qui avait été planté pour fêter la naissance de sa mère. Ah les premières cerises, celles qu’on dérobe, brûlant d’impatience, dans un arbre qui n’est pas forcément le sien, les meilleures de toutes… Friedel se souvient en avoir chapardées et avalées par poignées avec son amie Mimi, alors qu’elles n’avaient même pas encore de noyaux ! À cette époque, on donnait de la valeur à chaque fruit. Un garde champêtre en avait précisément la responsabilité et surveillait les gourmands qui s’approchaient un peu trop des premières pommes des moissons.
Aujourd’hui, on voit des arbres dont les branches ploient sous le poids de leurs fruits que plus personne ne cueille, s’indigne Friedel qui voit en eux la promesse de tant de gourmandises : sirops, confitures, compotes, conserves, eaux-de-vie… Mais c’est la cueillette et la dégustation sous l’arbre, directement dans le verger, qui sont encore les plus délectables ; incomparable avec une pomme de supermarché.
Les moments heureux
Un verger c’est aussi un lieu et des souvenirs : dans celui où s’est épanoui son cerisier et celui de sa mère, Friedel, accompagnée de son mari et de ses deux enfants, a, durant de nombreuses années, monté une tente pour les mois d’été. Des moments heureux en pleine nature, avec, dans les années 70, un confort à peine plus rudimentaire que celui de leur appartement strasbourgeois!
Friedel parle d’une époque où l’on pouvait tout laisser sur place, lits de camp, mobilier, rien ne disparaissait, sauf ce jour où des boîtes de petits gâteaux demeurent introuvables! Friedel, se souvenant des petits chapardages fruitiers de son enfance, laisse alors ce mot sur la table de camping à l’intention des éventuels visiteurs : « Étrangers, rendez-moi les boîtes vides, je vous referai le plein » !
LB