On Ruffet le match – Et pourquoi pas du fenouil tant qu’on y est

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Le communautarisme est partout. Dans nos villes, nos villages, nos quartiers plus ou moins défavorisés. Comme aurait dit Jacques Chirac, il y a dans ce pays, une fracture. Pire. Il y a de multiples fractures. Sournoise, pernicieuse, comme qui dirait en sous-marin, bien pire que les schismes religieux : la scission gastronomique. Je ne suis pas là pour débattre sans fin sur le fait que oui, on dit bien « pain au chocolat », et pas « chocolatine ». Surtout qu’en Alsace, on dit « petit pain ». Donc bon. Que dire en revanche des visages de dégoût quand on évoque cette merveille qu’est le cordon bleu ? Que dire de ces a priori moyenâgeux sur la supposée forte odeur du munster ? Je vois déjà les gros titres de la presse nationale et des chaînes d’info en continu : « Les tripes, pour ou contre ? » « La tête de veau, c’est la France » ou encore « Du graillon pour tous ».

Tolérance zéro

Nos politiques, toujours prompts à saisir une polémique, s’inviteraient sur les plateaux pour défendre une certaine idée de la langue de bœuf, à grand renfort de recettes « que tout le monde aime ». Les escargots à l’alsacienne déchaîneraient les passions, tout comme le camembert frit, qui finirait sur les plus grandes tables, au nom d’une tradition séculaire, n’en déplaise aux défenseurs du tout pasteurisé. Chacun se saisirait d’un sujet : abats, légumes, viandes, recettes traditionnelles… Ah non, chez nous on ne « revisite » pas ! Mais si, il faut vivre avec son temps ! Et après quoi, on met des épices chinoises ? De la girafe dans notre blanquette ? De la coriandre dans notre bouillabaisse ? Des profiteroles infusées au maté ?

Et là commenceraient d’interminables diatribes sur ce qui doit être mangé, quand, comment, par qui, à quelle température. Oubliant, au passage, que chaque individu a des goûts différents. Qu’il peut préférer une baguette bien blanche ou un steak trop cuit. Et c’est pas grave. Heureusement, il y a des choses plus sérieuses sur lesquelles s’écharper. En oubliant au passage la diversité. Et le fenouil.