L’association Tolérance est-elle née d’un constat local ?
Maxime Huber : Le projet de l’association est avant tout personnel. À 19 ans, j’ai fait un coming-out délicat et compliqué. J’ai grandi dans un petit village de Moselle où on n’aborde pas la sexualité, or quand on reconnaît notre sexualité—car c’est en nous, dans les gènes, on ne le devient pas—la famille juge ou rejette. Quand on voit une association comme le Refuge aujourd’hui, qui héberge les jeunes mis à la porte par leurs parents, c’est affolant qu’il n’y ait aucune place disponible à Strasbourg en 2023 ! On se rend compte qu’il y a un réel besoin sur Haguenau et beaucoup d’enthousiasme. L’homophobie est très présente, c’est un grand village très conservateur, il faudra qu’on se batte pour que notre place soit faite.
Vous souhaitez notamment aider les jeunes à dialoguer ?
Maxime Huber : Aujourd’hui il est intolérable qu’un jeune se suicide à cause de sa sexualité. Avec les réseaux sociaux, votre image peut être détruite en quelques heures ! Notre objectif, c’est tendre la main aux jeunes en souffrance et en questionnement, qui voudraient en parler et ne savent pas vers qui se tourner. L’association est basée sur le dialogue, mais milite aussi pour toutes les sexualités, lesbiennes, gay, bi, trans, intersexe, toutes les personnes sont les bienvenues, y compris les membres des familles.
Notre société est-elle plus tolérante aujourd’hui d’après vous ?
Maxime Huber : Non, quand vous dites que vous êtes homo, il y a tout le package clichés avec, on n’a pas cette considération de l’être humain qui reste la même personne, seule sa vie privée est différente. On peut nous comprendre ou pas, mais on peut se poser la question si les gens ont été influencés quelque part… C’est comme si quelqu’un vous dit je suis hétéro, on s’en fiche, il faut que la société accepte de ne plus classer les gens dans les cases, surtout au niveau administratif en France. Un jour, on sera amené à enlever les pictogrammes sur les toilettes, hommes, femmes, un WC c’est un WC, certains s’assoient, d’autres restent debout.
Bon à savoir
Le 14 septembre, un groupe de parole sur la famille aura lieu, puis le 12 octobre sur la mixité, de 18h à 20h, à l’Espace des Cordeliers (7D rue Foch à Haguenau). Une permanence s’y tient les mercredis de 13h30 à 16h30. Également des rendez-vous avec une sexologue, le 13 septembre, sur inscription. Enfin, le 5 octobre un Drag show est prévu à l’Intenable. Infos par mail : assotolerancehaguenau@gmail.com.
