Lina Iannacone-Vantillard – Le commerce international a du style

Elle est née et habite à Nancy, mais la semaine, elle loge en B&B entre Soufflenheim et Beinheim, pour être au plus proche de son nouveau poste de directrice du centre de marques The style outlets de Roppenheim. À 53 ans, Lina Iannacone-Vantillard a su mettre à profit ses origines italiennes et ses études en commerce et anglais en travaillant à l’international et en multipliant les rencontres formatrices. Le groupe Neinver l’a nommée à la tête d’une équipe qui gère 106 boutiques et 650 employés avec de belles ambitions de développement.

0
1167
La directrice du centre de marques Lina Iannacone-Vantillard. / ©Neinver

Votre parcours passe par l’international pour aboutir en Alsace depuis octobre…

L’été dernier, j’étais en désillusion, j’avais une idée précise de concept store, mais pas le lieu, et puis j’ai été démarchée par Neinver, et me voilà à Roppenheim. C’était complètement inattendu ! Après une formation commerciale, j’ai démarré très vite dans le retail (commerce de détail NDLR). J’ai été directrice de magasin avec une évolution progressive ces vingt dernières années, jusqu’à occuper des fonctions de direction régionale, chez IKKS, Gap, Zadig et Voltaire, Sandro… J’ai ouvert des boutiques à Nancy, Paris, de Nantes à Toulouse, de Florence à Rome, de Stockholm à Amsterdam, j’ai fait des rencontres exceptionnelles qui m’ont permis d’évoluer en RH, coaching, développement de chiffre, événementiel, recrutement… Et puis juste avant le covid, je me retrouve sans job : pendant un an et demi, je me forme et réfléchis à un projet personnel.

Quel genre de projet ?

De l’outlet chic, un concept store assez grand, avec de la déco et du prêt-à-porter avec des marques qualitatives pas encore distribuées, à Metz, Nancy et même Strasbourg. Je fais mon business plan, mais les emplacements pour ouvrir ne me plaisent pas. Et arrive Roppenheim ! Dans ma carrière en développant les points de vente, les marques, les partenariats, je connaissais un peu l’univers des centres de marques, et Neinver est une référence d’organisation. Je me suis dit, ils m’attendaient !

Les allées illuminées de leds. / ©lisamariephotographie

Quel est le rôle de la directrice d’un centre de marques ?

Ouhlala c’est très compliqué ! C’est un rôle de coordination de plusieurs services. Le retail avec nos 106 boutiques, un service marketing, un service technique, et un bureau pour les RH et la compta, soit une douzaine de personnes. Je coordonne ces services pour accompagner les marques et développer le centre, du parking à l’intérieur avec un gros travail d’entretien, de rénovation et de développement pour que l’expérience client soit au top. Dans une journée type, j’ai beaucoup d’interlocuteurs, également en externe, comme les institutions locales, l’Office de tourisme du Pays rhénan, les agences françaises et allemandes de communication… Mais le client est au centre de nos préoccupations.

Comment améliorer l’expérience client ?

L’offre doit correspondre à ses attentes, et dans un contexte économique compliqué, nous avons l’avantage d’être un outlet avec 30% minimum de rabais toute l’année, et avec un calendrier de promotions en plus. L’objectif est de rendre encore et toujours plus séduisant le centre, dans sa structure, la décoration, les offres de restauration… Le client doit pouvoir faire du shopping et se poser en même temps, on est au vert, dans un cadre agréable.

Le centre s’engage justement sur l’environnement avec la biodiversité, l’éco-pâturage, une navette…

Oui, nous avons des moutons et des ruches depuis un moment ! En 2024, nous allons implanter 28 chargeurs, l’appel d’offres pour les panneaux photovoltaïques est lancé, l’accès par la piste cyclable depuis la gare de Roppenheim est en cours, le traitement des déchets est aussi un gros sujet sur lequel on a investi en phase avec les attentes nationales et locales, nous avons des leds sur la quasi-totalité des allées, des compteurs d’eau individuels… On peut aller plus loin, mais on se concentre sur ce qui peut avoir un impact fort comme les chargeurs.

Le village The style outlets vu du ciel avec ses parkings. / ©Neinver

Vous avez également des box de collecte de vêtements usagers, mais quelle est votre position par rapport à la fast fashion ?

Ce ne sont pas les produits vers lesquels je me dirige. Malheureusement il y a un amalgame, on ne parle que des mauvais élèves… L’exploitation existe, mais on peut fabriquer en Chine à moindre coût avec des entreprises sérieuses et des cahiers des charges hyper rigoureux. À la base, je suis pour la fabrication européenne, il y a des cotons exceptionnels au Portugal, des cuirs extraordinaires en Italie, du mérinos… Il y a un vrai débat sur la fast fashion, les matières artificielles qui polluent avant, pendant et après, et aussi un boycott pour des marques comme Shein et les gros porteurs de business. Tout le monde a beaucoup de bonnes idées pour la planète, mais c’est le porte-monnaie qui guide les décisions. La responsabilisation est très importante à l’échelle du groupe, et aujourd’hui beaucoup de marques travaillent sur le sujet, de manière plus ou moins avancée.

Le groupe espagnol Neinver gère dix-sept centres en Europe. Quels sont les points forts de Roppenheim, son emplacement à la frontière, ses marques locales ?

Exactement, ce double marché est un atout, mais au-delà de ça, le développement international est important, jusqu’en Suisse et aux touristes amenés par Strasbourg. Par ailleurs, la défense du local a une place importante, avec des marques alsaciennes comme Eschung, Fortwenger, ou allemandes comme Seidensticker, Digel, et à côté les marques françaises, le cachemire de Notshy ou les cosmétiques de Rituals. Puis aussi toute la partie sport, qui attire une clientèle de tout âge, et les marques françaises à rayonnement international… C’est une mixité intéressante. On travaille fort pour développer l’international et faire venir des nouveaux clients, et offrir des nouveautés aux habitués.