Matskat part en live

À chacun de ses passages sur scène, le chanteur et musicien bischheimois Matskat donne le sourire, par son énergie, ses improvisations vocales et ses compositions originales, pour la plupart issues de son album Matskathérapie. Sa formation classique, jazz, n’est pas étrangère à sa virtuosité qu’il consacre à donner de la joie.

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Comment allez-vous en cette période compliquée, appliquez-vous la Matskathérapie sur vous-même ?

C’est très difficile cette période qui dure et qui va à l’encontre de ce qui nous réjouit dans la vie en général, et qui, pour moi, est le plus important : le rassemblement. C’est pesant. De plus en plus, je me rends compte à quel point la musique-pas seulement, mais c’est mon domaine- est importante pour se retrouver et puiser cette force qu’elle peut nous apporter. Ce que je fais prend encore plus de sens, par rapport à cette énergie dont on a besoin pour prendre de la distance et de la hauteur face à tous ces événements pas évidents à vivre. Et pour que l’on continue à donner de l’énergie aux jeunes générations, qu’on se transmette des bonnes ondes malgré tout pour avancer et ne pas tomber dans un pessimisme ambiant…

En avez-vous profité pour être dans une dynamique
créative ?

Je me suis beaucoup retrouvé avec mes instruments, et j’ai beaucoup travaillé. Mais j’ai eu la chance de faire pas mal de concerts depuis et plein de projets différents, ça stimule. Je suis rempli d’énergie et j’ai envie de partager ça dès que possible. J’ai vraiment pris conscience à quel point c’est une chance d’être sur scène et de partager ça avec des musiciens, une équipe incroyable.

Ce sont toujours les mêmes depuis le début, Matthieu Zirn, Grégory Ott, Jean-François Untrau ?

Oui ceux du départ, on évolue ensemble, on a tous plein de projets différents et on se retrouve autour de mes chansons et de ces créations, et c’est à chaque fois un bonheur. On se connaît par cœur, mais à chaque fois on a envie de se surprendre les uns les autres et c’est ça qui est stimulant. Il y a aussi la part d’improvisation, c’est très important pour moi, car chaque concert est un moment unique, et j’ai toujours eu cette conscience-là. C’est cette part de jazzman qui est très importante et le fait de délirer avec la voix et de lâcher prise à tout point de vue. Ce que je recherche de plus en plus, c’est cette liberté et du coup ce dialogue avec les copains musiciens qui permet de ne pas avoir un concert trop figé. Enfin, j’aime aussi beaucoup composer et réarranger des reprises complètement triturées avec mon bassiste Jean-François Untrau.

Vous avez commencé la musique très jeune, quel est votre parcours ?

J’ai un papa autodidacte pianiste avec qui j’ai tout de suite eu la chance de faire partie d’un groupe à 8 ans, avec un de ses copains, accordéoniste, et à 13 ans, j’étais en tournée avec un groupe de bal folk ! Puis j’ai étudié le violon classique, j’ai fait le conservatoire en jazz et j’ai eu la chance de travailler avec Didier Lockwood pour l’étude du violon jazz dans son école à Dammarie-les-Lys. Très très jeune, j’ai rencontré plein de musiciens, Roger Siffer, la Revue scoute… J’ai été en fac de musicologie parce que mes parents m’ont dit « il faut que tu aies une sécurité » (rires) et il s’avère que j’ai eu plein de contrats à ce moment-là. Je me souviendrai toujours des professeurs qui disaient « maintenant il faut y aller, faire un choix », je l’ai fait et j’ai eu beaucoup de chance de travailler dans plein de domaines différents.

Et le chant ?

Le chant est venu plus tardivement, au fil des rencontres. Même si ce n’était pas une volonté au départ, c’est devenu quelque chose de naturel au fil des années, c’est marrant. Ce sont aussi des déclics, notamment quand j’ai chanté un titre de Bobby McFerrin sur l’émission The Voice (Don’t worry, be happy, NDLR). Ça avait été une révélation pour moi de le voir sur scène à Jazz in Marcillac, s’amuser avec sa voix comme avec un instrument et d’avoir cette liberté, cette joie. Puis j’ai eu la chance de chanter avec lui à Baden-Baden en 2012. L’envie de chanter des textes est venue progressivement, et ma rencontre avec Clémentine Duguet a été un premier déclic, des textes écrits pour moi ou l’inverse, des skats qui dessinent des mélodies ou des sonorités qui finalement influencent des paroles.

Avec le recul, The Voice a été une bonne expérience ?

C’était une très belle expérience, la saison 2, ça date ! C’était le tout début, mais je n’en parle pas trop parce que je n’ai pas envie de rester là-dessus. Maintenant, ça me fait délirer parce que tout le monde le fait, ça devient un passage obligé. Mais moi à l’époque, je prenais ça comme de la téléréalité, je n’avais pas envie de le faire. Mais il fallait des followers, ce truc-là qui me dérange un peu dans l’aspect purement artistique que je recherche, pour surprendre et amener des choses nouvelles. Je ne cherche pas une communication mais j’ai découvert ce monde. À l’époque je n’avais pas de site internet ni de Facebook, qui font partie aujourd’hui de ce métier. Ce qui me rassure, c’est que ça a permis une visibilité et ne m’a pas empêché de travailler sur la création, et du coup de sortir un album au niveau national.

À ce propos, Matskathérapie est sorti en 2017, y’en a-t-il un autre en préparation ?

Comme pour le premier, je prends mon temps… Il y a beaucoup de nouvelles chansons que j’aime bien roder, tester et comme je pars toujours un peu dans tous les sens (rires), j’aime beaucoup le live, ça me permet de le faire et de l’assumer. Finalement, c’est un peu ça ma signature, je reste un électron libre. Je joue un peu ce que je veux au fur et à mesure des concerts. Mais j’ai la joie de travailler avec plusieurs paroliers, il y a des choses en préparation. Je n’annonce pas de date, les temps sont tellement compliqués… Le plus important, ce n’est pas juste de le sortir, c’est vraiment la création, je crée énormément et je retravaille beaucoup, donc je privilégie le live.